Bo Carpelan – Poème (1989)

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Le monde est silencieux et vide.
Il est bon de n’avoir rien d’autre en tête que,
sous ses yeux clos, le scintillement d’une vie.
Ne pas le rassembler mais le laisser vacant,
se souvenir, oublier, voir comme l’eau se déplace,
ne pas entrer en elle mais l’être soi-même,
la nuit et l’aube faible.

Le monde est silencieux et vide.
Ce qui fut dit est silencieux, vide dans le monde.
Puis un hiver sans neige, doux comme l’été,
dit que l’été, l’automne et l’hiver
sombrent au loin dans le silence.  Et l’année
est à peine là, exempte de demandes et de lourdes obscurités.
Celui qui se réveille seul rêve seul.

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Bo Carpelan (1926-2011)L’année, telle une feuille (Vuodet, kuin lehdet, 1989) – Traduit du suédois (Finlande) par Pierre Grouix