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En guise de porte dérobée pour pénétrer son monde insolite, et dans l’attente des couplets et refrains habillés de pied en cap de son premier album, Chat propose ce premier rendez-vous au coin de sa musique et du feu de ses mots, pour sortir plus vite de l’hiver.
Lorsqu’on évoque l’art de la chanson, que seul un géant comme Serge Gainsbourg pouvait qualifier de mineur, on affirme parfois un peu vite, qu’une voix, simplement accompagnée d’une guitare ou d’un piano, peut suffire pour juger de l’étendue d’un talent. L’assertion n’est pas galvaudée dans le cas de Chat dont les chansons, nées d’un souffle clair en suspension au-dessus d’un clavier d’ébène et d’ivoire, ont été inventées dans le plus simple appareil.
Pas de subterfuge, pas d’arnaque racoleuse dans ces piano-voix qui scintillent comme l’aube chère à Rimbaud. “Alice”, toute en confidences sur un oreiller d’arpèges, est celle qui fait frémir son MySpace depuis quelques semaines déjà. “Have You Ever Been (To Electric Ladyland)”, déconcertante d’aisance, est une reprise insolite et charmante du chef-d’œuvre de Jimi Hendrix que Chat noie sous une cascade de gouttelettes sablonneuses. En français dans les mots, “Harmony” fait tourbillonner comme dans une relation interdite, de celles qui font fantasmer, vibrer fort et dont on chérit le souvenir. Enfin, dans un registre de fugue aux accords impétueux, “R” est à prendre au pied de sa lettre et aux syllabes qu’à coups de griffes, Chat fait s’entrechoquer joyeusement.
Plus tard, au printemps, on citera Radiohead, Gonzales, Feist, Keren Ann, Björk, Bat For Lashes, les Doors ou le Velvet Underground pour mieux cerner la personnalité musicale de Chat, sans toutefois délimiter son territoire. Pour l’heure, on se contentera d’affirmer qu’une star est née, et pas de la dernière pluie. L’époque n’est plus aux détours, et il faut bien appeler un chat un chat. Cette jeune artiste particulièrement prometteuse n’a pas fini de faire ronronner. De plaisir.
www.myspace.com/lamusiquedechat