la renonciation à l'identité est une défense contre l'anéantissement. Être compris ("identifié") comporte le risque de destruction [...] certains patients cherchent à se protéger contre la destruction absolue en devenant incompréhensibles, et, donc, inidentifiables au point de manquer d'identité réelle.
Propos d'un patient souffrant de ce mal identitaire :
"Il y a ici un monstre menaçant (=le psychanalyste) qui veut me détruire. Pour lui échapper, je m'effrite et me transforme dans des milliers de billes qui roulent partout. Il y en a tant que le monstre n'arrivera jamais à les retrouver et à les détruire toutes ; ainsi j'éviterai la destruction totale".
Georges Devereux.
La renonciation à l'identité. Défense contre l'anéantissement.
Analogie rapide, brutale et bloguesque : en juin 1940, la France a connu le gouffre. Peut-être la défaite la moins attendue et la plus brutale de son histoire. Depuis, elle s'enfuit : sur les routes européennes, dans une amitié franco-allemande fantasmée, dans une décentralisation la plus absurde possible (à propos de Lyon, métropole européenne, j'avais évoqué la pulvérisation d'un état nation. Poudre ou bille, c'est pareil : insaisissable), dans une jouissance d'anorexie austéritaire.
Surtout, ne jamais s'arrêter, ne jamais se retourner.
A tel point que le défenseur d'une vision de l'identité française la plus plate, la plus renfermée, Jean-Marie le Pen, devient comme le monstre menaçant, le psychanalyste, qui rappelle au patient anéanti qu'il a été, qu'il est encore, qu'il le veuille ou non.
Nous méritons mieux. Et comme psychanalyste, et comme identité !