En 2012, le nombre de passagers a augmenté de moins de 3%.
Il y a toujours au moins deux façons d’interpréter des statistiques. Ainsi, dit l’Union des aéroports français (UAF), les 168 millions de passagers dénombrés en 2012, une progression de prčs de 3%, Ťen fait l’un des secteurs les plus dynamiques de l’économie nationaleť. C’est la politique du verre ŕ moitié plein. D’autre part, un coup d’œil rétrospectif nous rappelle qu’en 2011, la croissance avait atteint 6,3%. Le dire conforte la politique du verre ŕ moitié vide.
De toute maničre, les aéroports constituent un rouage totalement indispensable ŕ la bonne marche du transport aérien mais ils sont davantage spectateurs qu’acteurs. Seules les compagnies ont prise directe sur l’événement, encore qu’elles subissent plus qu’elles ne contrôlent l’évolution de la demande. Cela, bien sűr, au-delŕ des affrontements entre concurrents ou encore entre modčles économiques opposés.
L’UAF évoque un nouveau record de trafic et, c’est de bonne guerre, omet de noter qu’il s’agit quand męme d’un résultat terne ŕ l’image d’une conjoncture plutôt maussade. En 2012, en effet, le trafic aérien mondial a progressé d’un peu plus de 6%, une tendance que l’on ne retrouve pas dans les chiffres aéroportuaires français. D’autant que la croissance parisienne, un minuscule 0,8%, est demeurée Ťmesuréeť, ŕ vrai dire décevante. En revanche, la province s’est mieux comportée et sans doute les statistiques détaillées, attendues dans quelques semaines, nous en diront-elles davantage sur la tenue des Ťbasesť Air France et sur celle des principaux intervenants de la catégorie low cost.
Déjŕ on peut confirmer, sur base de chiffres antérieurs, que le changement d’époque est devenu réalité. Un seul exemple : Beauvais-Tillé, implanté au milieu de nulle part, trčs au nord de la capitale, est solidement installé ŕ la neuvičme place au palmarčs des plates-formes françaises, c’est-ŕ-dire devant Nantes Atlantique. De męme, Marseille-Provence a le vent en poupe, en grande partie grâce ŕ Ryanair (dont le faux départ en déjŕ oublié). Toulouse se porte également bien.
Non moins de 155 aéroports adhčrent ŕ l’UAF, outre-mer inclus, repčre qui suffit ŕ illustrer la densité peu commune de ce réseau, profondément déséquilibré dans la mesure oů il est dominé par Paris (CDG et Orly) dans des proportions que ne connaissent par les autres grands pays européens. Une situation gravée dans le marbre, de par les structures économiques du pays, son centralisme, sa stratégie de Ťgatewayť unique. Et ce ne sont évidemment pas des tentatives aussi diverses que Vatry et Notre-Dame-des-Landes qui infléchiront la stratégie aéroportuaire française.
Fort heureusement, ces aéroports, grands et petits, témoignent d’un sens réel du service et, pour l’essentiel, sont récompensés de leurs efforts, avec un indice de satisfaction globale de 93% Il est vrai que les voyageurs sont écoutés en męme temps qu’ils témoignent pour la plupart d’une solide maturité. Ainsi, ces jours-ci, en plein Ťépisodeť neigeux qui conduit ŕ des centaines d’annulations de vols, ils comprennent que les aéroports ne sont pas directement responsables de leurs difficultés. Et, a contrario, ils expriment leur satisfaction ŕ propos de la qualité de l’accueil, de la courtoisie du personnel, de la signalétique. Autant de repčres qui ont récemment été analysés lors d’assises nationales de la qualité en aéroport, les 7e du genre. Signe des temps, de la réalité d’une mentalité nouvelle, au cours desdites assises, un Grand Prix de la qualité a été décerné ŕ la Police aux Frontičres de Lyon-Saint Exupéry.
Les problčmes qui attendent vainement une solution se situent pour la plupart ŕ l’extérieur des aéroports eux-męmes et bien au-delŕ des limites de leurs compétences. A commencer par l‘organisation et la gestion des liaisons avec le centre ville, rarement simples et efficaces comme ŕ Nice, cauchemardesque ŕ CDG. Les 168 millions de passagers de l’UAF ne comprennent pas ces lacunes et, quoi qu’on dise, ne s’y habituent pas. Dčs lors, le bilan est bon, certes, mais les autorités, au sens large, devraient admettre qu’elles jouent imparfaitement leur rôle. Mais qui sont, oů sont ces Ťautoritésť ?
Pierre Sparaco - AeroMorning
(Photo: Aéroports de la Côte d’Azur)