du mardi 22 au jeudi 24 janvier 2013
14h30 -19h00 le 22
9h30-18h00 les 23 et 24
Musée du quai Branly, salle de cinéma
langue : anglais
Les données ethnographiques sur les Aborigènes australiens mises en circulation à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle ont considérablement influencé les études anthropologiques sur les
mythes, les rites, la parenté, l'art et l’économie des sociétés de chasseurs-cueilleurs. En dépit d'importants changements politiques survenus à partir des années 1960, à la suite des campagnes
menées par les Aborigènes afin de faire reconnaître leurs droits, notamment fonciers, de leur visibilité croissante sur les scènes nationales et internationales, et de leur capacité à s'ajuster
de façon créative aux ingérences qu'ils subissent de la part des gouvernements et d'autres instances extérieures, la majorité des travaux produits en Europe par les anthropologues
non-australianistes se fondent encore sur une tradition intellectuelle héritée du passé.
En revanche, en Australie, le climat politique particulièrement chargé concernant les Aborigènes a conduit à des remises en question quant à la façon de pratiquer l'anthropologie. On exige des
chercheurs, d'une part, qu'ils négocient la place et le rôle qu'ils ont à jouer en fonction de problématiques politiques, économiques et sociales contradictoires et changeant au fil du temps et,
d'autre part, qu'ils se conforment aux standards éthiques édictés par leurs institutions qui, de leur côté, évaluent la recherche en termes de « bénéfices » attendus pour les populations
étudiées.
Enfin, pour de nombreux anthropologues australiens travaillant avec les Aborigènes, dont les données sont susceptibles d'être utilisées par de grands groupes industriels ou requises par les
tribunaux, la ligne de partage entre anthropologies impliquée et appliquée est problématique et soulève, en dernier ressort, la question de la responsabilité scientifique. De nombreux
anthropologues européens ont contribué à ces débats en Australie et en dehors, en s'engageant dans de longues recherches de terrain avec différents groupes aborigènes.
Ce colloque qui réunira, pour la première fois en France, une trentaine de spécialistes australiens, européens et américains, explorera de manière approfondie les soubassements théoriques et
empiriques de l’anthropologie aborigène contemporaine. L'articulation problématique entre activisme culturel aborigène et réflexivité anthropologique, héritage scientifique et recherche actuelle,
traditions ethnologiques australiennes et recherche européenne, et l’influence des politiques de la recherche sur la production du savoir anthropologique seront examinées à travers cinq panels
exprimant la diversité des travaux contemporains concernant l'Australie aborigène.
Pour plus d'informations sur ce colloque majeur où vous pourrez écouter les plus grands spécialistes internationaux, aller sur la page dédiée du site du musée du quai Branly (vous trouverez les informations en milieu de page)
Stéphane Jacob dirige la galerie Arts d’Australie • Stéphane Jacob. Expert en Art Aborigène, Membre de la Chambre Nationale des Experts Spécialisés en Objets d’Art et de Collection (C.N.E.S.), co-auteur du catalogue des collections du musée des Confluences de Lyon et du livre "La peinture aborigène". Il est signataire de la charte d’éthique australienne Indigenous Art Code, il s’attache depuis 1996 à faire connaître l’art et les artistes contemporains d’Australie.