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Slow-up, docteur...

Publié le 21 janvier 2013 par Samiahurst @samiahurst
Slow-up, docteur...Slow up nous disent de temps en temps sur nos routes les cyclistes. Et cela s'appliquait parfois à la médecine?Même si cela peut sembler à contre-sens, comme ça si peu de temps après la reprise du travail, je ne résiste pas à vous traduire un très joli texte de Danielle Ofri:
"Je ne peux pas vous dire exactement quand cela s’est produit, mais à un moment durant les deux dernières décennies la pratique de la médecine est devenue la fourniture de soins de santé. (…) 

La Dre Victoria Sweet, généraliste, est venue à Laguna Honda [, la dernière maison des pauvres des Etats-Unis,] pour un stage de deux mois il y a plus de 20 ans et elle est finalement restée. Laguna Honda était le foyer des patients qui n’avaient pas d’autre lieu où aller, qui étaient trop malades, trop pauvres, trop marginalisés pour y arriver seuls. Les grandes unités ouvertes accueillaient plus de 1000 patients, parfois durant des années. Laguna Honda était hors du réseau et, comme le découvrit Sweet, c’était au bénéfice des patients. 
(...) les médecins et les infirmières pratiquaient une médecine très à l’ancienne, ‘slow medicine’, comme l’appelle Sweet. Il y avait beaucoup de temps pour permettre aux médecins et aux infirmières de connaître les patients, et beaucoup de temps pour permettre aux patients de se remettre. Beaucoup de patients pour lesquels il n’y avait officiellement pas d’espoir s'étaient remis dans les bras réconfortants et sans hâte de Laguna Honda. (…) les inefficacités de cet hôpital à l’ancienne – des médecins qui avaient le temps d’approfondir complètement les anamnèses compliquées de leurs patients, à l’infirmière qui tricotait à la main une couverture pour chaque patient de son unité, aux poules qui se promenaient régulièrement dans l’unité VIH et amenaient une étincelle de vie aux patients les plus démentifiés – étaient en fait son arme secrète. Les inefficacités étaient en fait assez efficaces, si votre métrique était soigner des patients. 
Puis arriva la firme de consultants “Dé et Té, experts en efficience de santé”. Horrifiés par les unités ouvertes et la médecine à l’ancienne, pour ne rien dire des poules, Dé et Té coupèrent rapidement des infirmières cheffes excessives, expédièrent les retours à domicile, et créèrent des comités, des présentations powerpoint et des formulaires à 1100 cases. La firme de consultation ne consulta jamais le personnel qui s’occupait des patients, mais ils allaient gagner 10% des économies générées. 
Ainsi, Laguna Honda fut rapidement éduquée dans les inefficiences de l’efficience: les patients sans infirmières devinrent plus malades, les patients renvoyés avec enthousiasme firent la spirale descendante, eurent de nombreuses visites de services d’urgences, et furent finalement réhospitalisés. Dé et Té, bien sûr, n’avait pas à payer pour ces coûts additionnels que leur avis avait causés."
Que dire de plus, sinon que toute ressemblance avec des faits réels n'est sans doute pas entièrement fortuite?

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