C'est une publicité de trop, malheureusement lue dans ce journal économique dénommé Les Échos, vendredi 18 janvier, 13ème année du 21ème siècle.
Nous pouvions imaginer ce qu'un tel appel promotionnel à l'exil aurait donné en d'autres temps, par exemple il y a une quarantaine d'années, ou, pire, au lendemain de la guerre quand il fallait reconstruire. Comment aurions nous qualifié une entreprise de placements défiscalisés en plein redressement national ?
Voici donc Knokke-le-Zoute, jolie bourgade si fiscalement loin mais si géographiquement proche. Heeren Hillewaere est le promoteur qui vous attend. Depuis plusieurs mois déjà, nous pouvions noter cette curieuse propension publicitaire à prendre politiquement parti dans nos débats du moment par des acteurs économiques.
En juillet déjà, un gestionnaire de fortune s'indignait du matraquage fiscal qu'il ne connaissait pourtant pas. Il dénonçait la tonte qu'il devait subir à renfort de pleine page publicitaire dans quelques quotidiens nationaux. En novembre, MacDo lance la charge contre un député socialiste qui recommande de lui supprimer l'avantage de la TVA réduite
Et puis, donc, il y a ces appels à l'exil, pas même discrets. Ils sont voyants, ils ne se cachent plus. La lutte des classes s'incarne aussi par ces publicités.
Le 17 janvier dernier, les Echos - encore lui - s'inquiètent de cette conséquence inattendue de l'augmentation de cet exil fiscal qui le soucie tant: l'effondrement du marché des résidences secondaires... Oh mon dieu... « le haut de gamme est touché de plein fouet sans trop de conséquences pour les propriétaires assez fortunés pour conserver leurs biens. Les autres voient les prix s'effondrer, parfois de 50 %. » Quelle catastrophe industrielle !
« Les luxueuses maisons de campagne rencontrent les mêmes difficultés que les petites : il faut les mettre aux normes, les entretenir, y aller et y retourner. Au-delà de 400 mètres carrés toute surface supplémentaire est considérée comme un défaut coûteux. » Quel drame ! Le même journal révélait en mode confidentiel que deux groupes français avait décidé de discrètement délocaliser leurs cadres dirigeants à Londres, puisque ces derniers y travaillaient déjà souvent. Les noms des deux fautifs restaient cachés. Finalement, chez certains, l'exil fiscal était encore honteux.
Le Figaro nous alertait autrement: ce sont des jeunes actifs qui quittent le pays. Les forces vives de la nation, le talent mesuré à l'aune de l'épaisseur du portefeuille. « Les exilés fiscaux sont actifs, assez jeunes et fortunés. Voici ce qui ressort des dernières données sur l'ISF fournies par Bercy à Gilles Carrez, le président UMP de la commission des finances à l'Assemblée et que Le Figaro s'est procurées. » Le plus drôle était ailleurs: ces données dataient de ... 2010.
A suivre ...