Le parquet avait fait appel de la décision d’un juge d’instruction d’enquêter sur la plainte de la FIDH et de la Ligue des droits de l’homme (LDH) . On se demande pourquoi…
Toujours est-il que plusieurs Libyens, victimes de tortures aux mains des services de renseignements, pourraient être prochainement entendus dans ce dossier. Cinq opposants au régime de Kadhafi, quatre hommes et une femme originaires de Tripoli, Bengazi et Misrata, viennent de se constituer parties civiles et sont prêts à venir témoigner en France. Tous auraient été arrêtés à la suite de l’interception de leurs conversations grâce au matériel fourni par Amesys.
Les faits remontent à 2011. A l’occasion de la libération de Tripoli, des journalistes du Wall Street Journal avaient pu pénétrer, le 29 août, dans le bâtiment où le régime libyen surveillait les communications. Ils y ont notamment retrouvé des manuels rédigés en anglais portant le logo d’Amesys, entreprise française filiale du groupe Bull.
Amesys avait conclu un contrat de mise à disposition de technologie aux fins d’interception de communication, de traitement de données et d’analyses en 2007. Les accords de coopération technologique, et plus particulièrement d’installation de logiciel ont impliqué non seulement la mise à disposition d’un matériel mais également une phase de développement, d’assistance et de contrôle.
Espérons que justice soit faite. Selon Michel Tubiana, Président d’honneur de la LDH et avocat de la LDH dans cette affaire « La justice française doit maintenant enquêter avec célérité afin de déterminer, le cas échéant, si la société Amesys, en donnant au régime de Mouammar Khadafi les moyens technologiques d’identifier toute voix dissidente, s’est rendue complice de la répression exercée à l’encontre de la population par ce régime meurtrier ».
Cette décision tombe au moment du déclenchement du conflit armé de la France au Mali et confirme s’il en était besoin, le caractère incohérente et sans vergogne de sa politique africaine.
Source: Le Point