Les derniers relais de la flamme olympique dans les rues de Paris ont été supprimés peu avant 17h, la torche gagnant en bus directement depuis l'Assemblée nationale son point d'arrivée, le stade Charléty. Peu de temps auparavant, la cérémonie qui devait avoir lieu à l'Hôtel de Ville pour le passage de la flamme olympique avait été annulée. Voici donc l'apothéose d'une journée folle au cours de laquelle la traversée de Paris de la flamme olympique s'est transformée en long chemin de croix. Plusieurs fois la torche a dû rentrer dans un bus par mesure de sécurité pour échapper aux activistes tout le long de son parcours. La torche a même été éteinte pendant une vingtaine de minutes. Le maire de Paris annulait la cérémonie dans la mairie de Paris où des élus écologistes étaient parvenus à déployer un drapeau RSF (Reporters Sans Frontières) noir sur lequel des menottes figurent les anneaux olympiques et un drapeau du Tibet.
Les drapeaux ont été déployés vers 15H30 dans une cour intérieure, dite "cour du maire", par six élus du groupe Verts, à partir d'une fenêtre du bureau de Denis Baupin, adjoint au développement durable du maire socialiste Bertrand Delanoë. Le maire du IIe arrondissement, Jacques Boutault, faisait également partie du groupe. "On ne se satisfait pas du fait que la flamme des JO rentre à l'Hôtel de Ville. C'est une partie du sang des Tibétains qui rentre à l'Hôtel de Ville avec la flamme", a déclaré à l'AFP M. Baupin. "On tenait à manifester notre sentiment que, dans cette bataille d'images, où la Chine essaie de se donner une image de nation respectable, partout où la flamme passe, partout il y a des élus et des militants qui disent non", a-t-il ajouté.
Les services de la mairie ont peu après annoncé que le passage du relais de la flamme prévu à l'intérieur de la mairie était déplacé à l'extérieur. Plusieurs centaines de personnes se trouvaient sur la place de l'Hôtel de Ville, où quelques échauffourées ont opposé partisans de la Chine et du Tibet, portant respectivement des drapeaux chinois et tibétains, a constaté l'AFP. Des CRS sont intervenus pour tenter de séparer les deux parties, et ont interpellé quatre personnes.
LE RAPPEL DES FAITS D'UNE JOURNEE CHAOTIQUE
La torche olympique, chahutée depuis son départ vers 12h30 de la tour Eiffel, a dû être transportée par trois fois dans un bus de la sécurité et été éteinte pendant une vingtaine de minutes. La dernière interruption s'est produite entre l'Alma et l'Arc de Triomphe. Elle a repris ensuite avec la descente des Champs-Elysées où elle est copieusement huée par des passants et des manifestants pro-Tibétains massés sur le parcours. Toujours sur les Champs Elysées, Reporters sans Frontières (RSF) est parvenu a déployé un drapeau au 3e étage d'un immeuble de l'avenue des "Champs". Un même drapeau avait déjà été pendu au 1er étage de la tour Eiffel.
Au préalable, la flamme avait été éteinte et remise une première fois dans un bus "pour des raisons techniques" vers 13h30. Elle avait été rallumée 20 minutes plus tard. Il faut toutefois savoir que la véritable flamme olympique ne s'est, elle, jamais éteinte. Elle est religieusement gardée dans une lanterne par des gardiens depuis son arrivée en France. Revenons à la progression de la torche qui est chaotique en raison des manifestations de protestation. Ainsi, une cinquantaine de jeunes Français et Tibétains portant des drapeaux tibétains, se sont assis devant le souterrain près du pont du Garigliano, bloquant pendant 3 minutes le bus portant la flamme olympique, avant d'être évacués par la police.
Le bus et la flamme sont ensuite entrés dans le tunnel. Une sportive handicapée a assuré le relais à pied dans le tunnel, puis a rendu la torche. Pour une raison inexpliquée, le cortège a fait demi tour pour remettre la flamme dans le bus. Sur les images de télévision, elle était éteinte. Auparavant, une quinzaine de militants de RSF s'étaient menottés dans le dos et s'étaient assis place du moulin de Javel, ce qui avait ralenti déjà le passage de la torche olympique. Une heure après sa descente de la Tour Eiffel, la flamme n'avait pas parcouru plus de 2 km. Elle doit en parcourir 28.
Quatre hommes avaient été interpellés par la police peu après 12h30 alors qu'ils tentaient de ralentir la progression de la torche. Deux hommes, pro-Tibétains, qui brandissaient un drapeau tibétain et tentaient de s'installer sur la chaussée avant le passage de la flamme, ont été aussitôt interpellés par la police. Quelques minutes plus tard, deux militants de Reporters sans frontières (RSF) tentaient de sauter par-dessus les cordons de policiers pour atteindre la flamme qui était à quelque 3 mètres d'eux. Mireille Ferri, vice-présidente Verte du conseil régional d'Ile-de-France, avait été interpellée peu avant midi, alors qu'elle se dirigeait vers le Champ-de-Mars munie d'un extincteur pour manifester sur le passage de la flamme olympique.
Tout le long du parcours que doit emprunter la flamme, des hommes et des femmes tentent de s'allonger sur la chaussée, mais sont aussitôt délogés par la police avant l'arrivée du cortège.
Des militants de RSF enchaînés à la Tour Eiffel
Les militants de Reporters sans frontières (RSF), qui ont déployé sur la Tour Eiffel un drapeau noir sur lequel des menottes figurent les anneaux olympiques, se sont enchaînés à la structure d'acier du monument, compliquant le travail des pompiers venus les déloger. Entamée vers 13h4, l'intervention des pompiers se prolongeait plus de 30 minutes plus tard à plus de 75 mètres du sol. Les pompiers ont réussi à déloger l'un des trois militants qui avait hissé et déroulé le drapeau noir de RSF au sommet du pilier nord de la Tour. Le militant délogé a indiqué que ses deux autres camarades attendaient le passage de la flamme olympique à hauteur du Trocadéro pour stopper leur action.
La véritable flamme ne s'est jamais éteinte
La flamme olympique, religieusement conservée dans une lanterne par des gardiens depuis son arrivée en France dimanche soir, brûle toujours. La torche que doivent se remettre les 80 relayeurs a été allumée à 12h30 sur la Tour Eiffel à la lanterne de sécurité dans laquelle brûle la véritable flamme olympique depuis la cérémonie d'allumage, le 24 mars à Olympie. Cette lanterne est conservée par trois "gardiens de la flamme", membres du comité d'organisation des jeux Olympiques de Pékin (BOCOG). Elle est censée suivre le cortège afin de permettre de rallumer la torche en cas d'incident, ce qui a été le cas au Pont du Garigliano à Paris.