Rencontre avec un photographe qui aime LA femme. Par Monsieur_G
Son métier, il l'a appris près de grands maîtres de la photo (Horst P. Horst, Dominique Issermann, André Rau, William Klein, Serge Barbeau, etc.) qu’il a côtoyé et secondé pendant des années. Mais une fois déployés ses propres ailes, il a apporté une touche personnelle de sensibilité et de sensualité. Il est constamment dans une quête de moments sincères chargés d’émotion qu’il arrive à saisir dans l’excitation de l’instant.
Je lui pose quelques questions. Ses réponses sont à l’image de l’artiste, généreuses, humaines, humbles et pleines de sagesse. Presque une leçon de vie.
Pourquoi « photographe beauté » ? Pourquoi les femmes ? Dès mon plus jeune âge, j‘ai assimilé le beau à la femme. Cela s'est donc imposé à moi, sans y réfléchir. Peut-être parce que j’ai été en internat très longtemps dans un univers ultra masculin et très fermé, où le monde féminin se réduisait à ma mère. J'ai donc cherché à être au contact de la féminité, au plus près de « la femme ». D'une manière générale, je me sens bien quand je collabore et échange avec des femmes.
Comment on gère l’équilibre entre sa nature d¹artiste et celle du photographe à la solde de l’annonceur, surtout quand il vous impose ses choix ? Très franchement, je ne sais pas si j’ai une nature d’artiste ! J’essaye juste de raconter des choses avec un appareil photo. J'aime beaucoup me mettre au service d'une marque ou d’un projet et j’essaye d’apporter le maximum, tout en gardant à l’esprit que les clients ont des contraintes. Effectivement le fait d’être choisi en fonction de son travail et de ne pas pouvoir faire toujours ce qu’on souhaiterait est souvent frustrant. Mais je n'oublie pas que si notre profession existe, c'est bel et bien dans le cadre d’un processus économique, Le coté narcissique (s'il a lieu d’être) est de toute façon satisfait par le fait d’être choisi pour ce qu'on apporte parmi tant de photographe ! Et d’être payé cher.
Tout le monde sait que les jeunes DA parfois respectent peu le travail du photographe et veulent tout maîtriser ? Comment réagissez-vous ? Bien que cela puisse me frustrer, j’ai compris que les jeunes DA avaient une carrière à faire et que ça, plus le coté ultra compétitif de ces métiers, pouvaient les "éteindre" très vite. Avec les années, j’essaye d’oublier l’ego. La seule chose qui m’est insupportable c’est la lâcheté et le coté non assumé des choses.
Que pensez-vous des créatifs de pub, des artistes frustrés ? Des faux artistes? A mon sens, si artiste il y a, il y a forcément beaucoup de frustration. Quant aux faux artistes, que dire, ne me prenant pas moi-même pour un artiste, peut être en suis-je un faux moi-même ?
Vous déclarez être en quête de "l’Émotion" dans chaque image. Alors, il se passe quoi dans votre tête, quand vous avez l'œil dans le viseur au moment d'appuyer sur le bouton ? Il se passe des tas de choses dont les gens qui vous entourent n’ont pas conscience. Quand j’arrive à faire l’image que j’avais en tête le matin en arrivant, c'est du pur bonheur ! Réunir en un instant aussi court que les fractions de seconde à laquelle un photographe travaille: un cadrage, une lumière, une émotion, c’est magique...
Question bonus : Pouvez-vous nous donner une idée de l¹envers du décor ? Faire des dizaines d’heures d’avion, attendre des heures en transit, se retrouver sur un bateau au milieu de l’océan indien afin de rejoindre une ile sur laquelle on va rester deux semaines et voir des dizaines de dauphins accompagner le bateau. Mais c'est aussi se retrouver seul dans une chambre d’hôtel après une journée de shooting et se demander ce qu’on fait là, ou alors attendre et attendre et attendre des heures qu’on veuille bien que ça soit à vous "de jouer" en studio sur parfois des sujets moyennement excitants.