Drame - 1h50
Sortie salles France - 5 décembre 2012
avec Teresa Madruga, Laura Soveral, Ana Moreira, Carloto Cotta...
Prix Alfred Bauer - Festival Berlin 2012
A Lisbonne, la vieille dona Aurora commence à perde la tête mais pas son autorité. Sa femme de ménage Cap-verdienne, Santa, a de plus en plus de mal à s'en occuper avec patience. Toutes deux demandent souvent l'aide de la voisine. Alors qu'Aurora tombe malade, elle énonce sa dernière volonté : d'aller trouver pour elle un certain Gian Luca Ventura. Ce dernier va leur raconter ce que vécût Aurora jadis, lorsque sa famille possédait une ferme en Afrique Noire.Grâce au festival Télérama, je me laisse tenter par ce film, méfiante après avoir vu la bande annonce peu bavarde, et confiante pour avoir lu l'avalanche de bonnes critiques et d'encensements de toutes parts. Pour commencer, la première partie de film est trop longue à mon goût, morne, dans un Portugal triste, à écouter les plaintes, les divagations et les rêves d'une vieille Aurora qui perd la tête. Aurait-on pû s'affranchir de cette partie du récit, au présent ? Peut-être qu'il fallait ça pour mériter la seconde partie du film, un flash back magnifique, une féérie un enchantement, d'un romantisme fou, c'est à dire violent, tragique, brûlant, inaltérable.
On se laisse porter, le noir et blanc avec son grain irrésistible crée d'emblée une atmosphère surannée, nostalgique, un retour dans le passé, avec une Afrique tellement bien filmée qu'elle rappelle les images de Depardon. La langue portugaise, à travers les dialogues clairs puis dans la deuxième partie, avec cette voix du narrateur qui raconte la vie tumultueuse d'Aurora et sa passion, avec les voix du passé que l'on perçoit en second plan, ajoute au voyage et pour qui aime l'entendre c'est un régal. Il y a de l'ironie, des références cinématographiques sûrement, des symboles (ce petit crocodile qu'Aurora héberge et nourrit dans son bassin, avant qu'il ne grandisse, ne s'échappe, devienne moins contrôlable), mais l'histoire d'amour arrive à avoir une belle crédibilité en nous faisant découvrir ce Ventura, un jeune bellâtre au charme insolent mais qui saura nous persuader de ses nouveaux sentiments.
Jusqu'à ce que cet adultère ne trouve son point de butée, son drame, son problème inextricable. Sans issue pour nos tourtereaux, et la vie qui se referme sur eux. Et dans la monotonie ambiante, ce sont dans les souvenirs d'une vie tropicale coloniale que les remous, les aventures sont les plus vivantes, les plus présentes et les plus touchantes.Un film envoûtant par sa forme et par son scénario, malgré un démarrage bien trop long qui me laisse dubitative.
L'avis de Benoît Thévenin - Laterna Magica
L'avis de Bénédicte Prot - Culturopoing