Le Rapport COMETA et Wikipédia
Le Rapport COMETA maltraité sur Wikipédia
L’encyclopédie Wikipédia est une belle réalisation en général, mais qui a
un parti pris fortement sceptique sur les ovnis. Il semble que ce soit
aussi le cas sur d’autres sujets considérés comme « irrationnels », et
dès lors mal vus dans le monde intellectuel et scientifique, mais ne
nous engageons pas dans un aussi vaste débat. Ayant pris la défense du
rapport du COMETA, intitulé Les OVNI et la Défense. A quoi doit-on se préparer ?,
lors de sa publication en juillet 1999, pour répondre à certaines
critiques virulentes de sceptiques, j’y ai gardé quelques amis. Or
ceux-ci m’ont signalé récemment un article sur Wikipédia présentant leur
rapport de manière sceptique et biaisée. L’ayant constaté moi-même,
j’ai essayé d’y apporter deux corrections modérées pour rétablir un
équilibre, mais elles ont été aussitôt censurées, à trois reprises par
une main anonyme. Je me suis alors inscrit à Wikipédia et j’ai demandé
de l’aide en expliquant la situation, mais un administrateur m’a juste
conseillé de me mettre d’accord avec le censeur anonyme ! J’ai compris
qu’il n’y avait pas grand chose à faire dans une telle galère, et je
vous propose donc ici mon propre article, s’inspirant de mon livre de
2010 OVNIS. Vers la fin du secret ?.
Couverture de l’édition initiale de 1999
Pour bien comprendre ce blocage sur Wikipédia, voici les deux petites
corrections que j’ai tenté, sans succès, d’ajouter à l’article, après
quoi je vous invite à lire ici le mien.
J’ajoute que, ayant revisité l’article, j’ai vu qu’il a été élagué mais comporte encore des remarques  dépréciatives.
Voici mes deux corrections, en gras, retoquées anonymement sur Wikipédia, telles qu’insérées dans le texte de l’article :
1) Tentative de corriger deux citations dépassées, voire erronées:
L'association prétend sensibiliser les pouvoirs publics au phénomène
OVNI, et cela alors que le rapport Condon conclut à l'absence de preuves
de l'existence d'engins extraterrestres et que le SEPRA assimile les
cas ovni à des rentrées de satellites.
Cependant, le SEPRA a été remplacé en 2005, au CNES, par le GEIPAN
qui a admis, la même année, un pourcentage de 13 % d'observations
inexpliquées (les « PAN D »), et même plus par la suite. Il est
aujourd’hui évalué à 22% sur le site du GEIPAN. Cela est expliqué sur le
site web du CNES ainsi que par M Yves Sillard, ancien directeur du
CNES, et président du comité de pilotage du GEIPAN, dans son
introduction au livre collectif qu'il a dirigé: Phénomènes aérospatiaux non identifiés (Le Cherche Midi, 2007).
2) Ma tentative de corriger l’image outrageusement négative donnée dans l’article (en gras):
Quelques personnes privées amateures d'ovni ont envoyé au Président de
la République Jacques Chirac et au Premier Ministre Lionel Jospin en
1999 un rapport privé appelé « rapport COMETA » et cela sans qu'aucune
demande de leur part n'ait été faite. L'opération médiatique ainsi
réalisée a permis de le lancement d'un ouvrage à sensation intitulé Les
OVNI et la Défense : À quoi devons-nous nous préparer ? Le 16 juillet,
il a fait l'objet d'un hors série du magazine VSD, un tabloïd français.
Aucune suite n'a été donnée à ce document et aucune source scientifique
secondaire ne cite ce document.
Cependant, le rapport COMETA a été publié, pendant un certain temps,
sur le site du GEIPAN, le nouveau service du CNES. Il a eu un grand
retentissement à travers le monde et est référencé dans de nombreux
livres, sites web et articles, dont celui, déjà cité, d'Yves Sillard.
Aux Etats-Unis, il faut citer au moins le livre de Leslie Kean : "UFOs.
Generals, pilots and government officials go on the record" (Harmony
Books, 2010) dans lequel figure un entretien avec le général Letty.
Mon article sur le Rapport COMETA
Voici maintenant mon article sur le Rapport COMETA, reprenant en partie mon livre de 2010 Ovnis. Vers la fin du secret ?, article que je n’essaie même pas de passer sur Wikipédia.
Un événement inattendu s’est produit en France en 1999. Sans la moindre
annonce préalable, paraissait en kiosque le 16 juillet 1999 un rapport
de 90 pages sur les ovnis, intitulé Les ovnis et la défense. À quoi doit-on se préparer ?
Ce document, publié en pleine période de vacances, était à vrai dire
plutôt austère, tant dans sa mise en page que dans son contenu. Signé
collectivement par des personnalités de haut niveau, notamment des
généraux et des ingénieurs généraux de l’Armement, ce rapport était
diffusé, pour des raisons pratiques, en tant que numéro hors série du
magazine populaire VSD.
Précisons qu’il est toujours disponible, réédité en livre (en deux versions : Editions du Rocher, et livre de poche J’ai Lu).
Couverture du livre aux Editions du Rocher
En fait, on apprenait qu’il avait été d’abord remis au Président de la
République Jacques Chirac et au Premier Ministre Lionel Jospin, quelque
temps auparavant. Pour l’essentiel, ce rapport affirmait que les ovnis
sont une réalité, qu’ils sont vraisemblablement d’origine
extraterrestre, et qu’il faut prendre l’affaire très au sérieux, à tous
points de vue. Non seulement en matière de défense nationale, thème
principal du dossier, mais plus généralement parce qu’elle intéresse
tous les aspects majeurs de notre civilisation : scientifique,
historique, philosophique et religieux. L’impact médiatique du sujet
n’était pas ignoré, et ces experts habitués au secret militaire
recommandaient une certaine prudence gouvernementale en la matière. En
revanche, ils mettaient en question très clairement la politique du
secret toujours en vigueur aux États-Unis et c’était là, peut-être, le
point le plus difficile à faire admettre.
Les auteurs, le COMETA et les liens avec l’IHEDN
L’étude avait été menée pendant trois ans par un groupe indépendant
constitué d’anciens auditeurs du très sérieux Institut des hautes études
de la défense nationale (IHEDN), et d’experts qualifiés dans divers
domaines, qui s’étaient réunis dans une association indépendante appelée
“COMETA”, ce nom signifiant “Comité d’études avancées”.
Tout d’abord, le rapport était préfacé par deux personnalités
importantes : André Lebeau, ancien président du Cnes (Centre national
d’études spatiales), l’équivalent français de la NASA, et le général
d’armée aérienne Bernard Norlain, ancien directeur de l’IHEDN.
Le général Bernard Norlain, ancien directeur de l’IHEDN
Le général de l’armée de l’Air Denis Letty
Puis le général Denis Letty, de l’armée de l’Air (lui aussi ancien de
l’IHEDN), qui avait présidé les travaux du groupe, présentait quelques
uns de ses membres :
– Le général Bruno Lemoine, armée de l’Air (ancien auditeur de l’IHEDN)
– L’amiral Marc Merlo (ancien auditeur de l’IHEDN)
– Michel Algrin, docteur d’état en sciences politiques, avocat (ancien auditeur de l’IHEDN)
– Le général Pierre Bescond, ingénieur en armement (ancien auditeur de l’IHEDN)
– Denis Blancher, commissaire principal de police, ministère de l’Intérieur
– Christian Marchal, ingénieur en chef du corps des Mines, directeur de
recherche à l’ONERA (Office national pour l’étude et la recherche
aéronautique)
– Le général Alain Orszag, docteur en physique et ingénieur en armements.
Le comité exprimait aussi sa gratitude à des personnalités indépendantes,
dont :
– Jean-Jacques Velasco, responsable du SEPRA au Cnes
– François Louange, président de Fleximage, spécialiste en analyse photographique
– le général Joseph Domange, de l’Armée de l’Air, délégué général de l’Association des Auditeurs de l’IHEDN.
Le général Norlain expliquait ensuite dans sa préface comment était né
ce comité. Le général Letty était venu le voir en mars 1995, lorsqu’il
était directeur de l’IHEDN, pour discuter d’un projet de comité sur les
ovnis. Norlain l’avait assuré de son intérêt pour la question et lui
avait recommandé de contacter l’Association des auditeurs de l’IHEDN.
Celle-ci lui donna alors son appui pour mettre en œuvre son projet de
comité d’études. Il est utile de rappeler ici qu’il y a 20 ans, ce fut
un rapport de l’IHEDN qui déboucha sur la création du GEPAN, la première
entité d’étude sur les ovnis au Cnes.
Les membres du comité anciens auditeurs de l’IHEDN furent rejoints par
d’autres experts. Les uns et les autres occupent ou ont occupé
d’importantes fonctions à la défense, dans l’industrie, l’enseignement,
la recherche ou diverses administrations centrales. Le général Norlain
formulait le vœu que ce rapport aide à développer de nouveaux efforts
nationaux, et une coopération internationale indispensable.
On a reproché à ce rapport d’avoir été indûment présenté comme émanant
de l’IHEDN, mais si on lit bien le texte, l’indépendance du COMETA y est
clairement indiquée.
Le contenu du rapport du COMETA
Le thème principal du rapport, souligné par le général Letty dans son
préambule, était que l’accumulation d’observations bien documentées nous
oblige à considérer toutes les hypothèses sur l’origine des ovnis, en
particulier des origines extraterrestres. Le rapport lui-même
s’articulait en trois parties, suivies de quelques annexes.
Une première partie présentait quelques cas remarquables, français et
étrangers. Une seconde partie décrivait l’organisation de la recherche
actuelle, principalement en France, puis plus brièvement à l’étranger,
ainsi que les études conduites par les scientifiques du monde entier,
qui pourraient donner des explications partielles en accord avec les
lois de la physique connues. Les principales hypothèses étaient ensuite
passées en revue, depuis celle d’une confusion avec des engins secrets
jusqu’aux manifestations extraterrestres. La troisième partie examinait
les mesures à prendre concernant la défense, depuis l’information des
pilotes, civils et militaires, jusqu’aux conséquences stratégiques,
politiques et religieuses, dans le cas où l’hypothèse extraterrestre se
confirmerait.
Voyons, très résumés, les arguments qui étaient présentés.
Partie I : Faits et Témoignages
Le COMETA a mis l’accent, avec raison, sur les témoignages de pilotes,
tels que le colonel René Giraud, pilote de Mirage IV qui avait été
littéralement pris en chasse par un ovni en 1977.
Mirage IV pris en chasse par un ovni (dessin de Joël Mesnard)
Plusieurs cas étrangers étaient ensuite évoqués, qu’on peut dire très solides en dépit
de certaines polémiques alimentées par les sceptiques tels que l’Américain Philip Klass :
Lakenheath (cas célèbre d’observation radar/visuelle au-dessus d’une base britannique en 1956) ;
RB-47 (autre cas célèbre d’un bombardier suivi par un ovni aux
États-Unis en 1957) ; Téhéran (interception d’un ovni en 1976, confirmée
par un document secret américain qui a été ensuite déclassifié) ;
Le général iranien Parviz Jafari a confirmé cette interception lors d’une conférence de presse à Washington en 2007
Russie (interception d’ovni en 1990, confirmée par le général d’aviation Igor Maltsev);
San Carlos de Bariloche, Argentine (un avion de ligne empêché d’atterrir par un ovni, en 1995).
Le rapport citait ensuite des observations depuis le sol :
à Tananarive en 1954, gros ovni survolant la ville et éteignant les lumières sur son
passage, effet électromagnétique maintes fois observé au passage d’un ovni ;
observation d’une soucoupe près du sol par un pilote français, Jean-Pierre Fartek, en 1979 ;
observation rapprochée par plusieurs témoins au-dessus de la base de missiles russe de Kapustin Yar, près d’Astrakhan, en 1989.
Dessin de l’ovni vu à Kapustin Yar
Cette étude de cas se terminait avec quatre observations rapprochées en
France, toutes solidement étudiées, notamment par des enquêtes de
gendarmerie et du GEPAN:
Valensole (un ovni au sol avec de petits êtres, vus par le cultivateur Maurice Masse, en 1965);
Cussac, dans le Cantal (également un ovni au sol avec de petits êtres, en 1967) ;
Trans-en-Provence (observation célèbre dans le monde entier, avec atterrissage
d’un petit ovni en janvier 1981, laissant une trace circulaire au sol et
effets sur les plantes qui furent étudiées par un laboratoire de
l’INRA) ;
Schéma de l’observation à Trans-en-Provence, selon l’enquête du GEPAN
Nancy (connu sous le nom de l’ “affaire de l’Amarante”, également avec effets sur des plantes, en 1982).
Partie II : Le point des connaissances
La seconde partie, intitulée “Le point des connaissances”, décrivait
d’abord l’organisation de la recherche officielle en France, mise en
place en commençant par les premières instructions données à la
gendarmerie en 1974 pour la rédaction des rapports, puis avec la
création du GEPAN, au sein du Cnes, en 1977, lequel a rassemblé au fil
des années un ensemble de plus de 3 000 rapports provenant de la
gendarmerie, et a procédé à des analyses des cas et des études
statistiques.
Nous allons voir plus loin la suite de cette histoire. Disons seulement
ici que, après un excellent démarrage et quelques bonnes études de cas,
le vent a tourné et son activité a été fortement réduite, ce qui a amené
le COMETA à recommander son redéploiement. De fait, c’est bien ce qui a
été décidé en 2005, avec la mise en place d’un nouvel organisme,
baptisé GEIPAN.
Monsieur Yves Sillard, directeur du Cnes à l’époque de la création du
GEPAN. Il préside aujourd’hui le comité d’orientation du GEIPAN.
Le chapitre suivant - “OVNI : hypothèses, essais de modélisation” –
évoquait des modèles et hypothèses sur la physique des ovnis, un aspect
intéressant particulièrement, on s’en doute, les experts militaires que
sont les auteurs du COMETA. Dans le même chapitre, étaient étudiées les
“hypothèses globales” susceptibles d’expliquer les observations. Les
mystifications sont rares et aisément détectables, estimait le COMETA.
Quelques hypothèses jugées non scientifiques étaient mises de côté,
comme la conspiration et la manipulation par des groupes puissants et
très secrets (allusion aux rumeurs “conspirationnistes” assez répandues
aux États-Unis), ou les phénomènes parapsychiques (pris comme hypothèse
globale), sans oublier les “hallucinations collectives”, chères aux
sceptiques qui veulent tout expliquer sous l’angle socio-psychologique.
L’hypothèse d’armes secrètes (pouvant être prises pour des ovnis) était
aussi considérée comme très improbable, de même que celle de
manipulations de l’opinion (“l’intoxication” au temps de la guerre
froide), ou simplement les phénomènes naturels. Ainsi les auteurs, tel
Sherlock Holmes, ayant éliminé toutes les autres hypothèses, il leur
restait à envisager les hypothèses extraterrestres.
Pour étayer cette hypothèse des voyageurs extraterrestres, le rapport du
COMETA rappelait le scénario de voyage interstellaire développé en
France par les astronomes Jean-Claude Ribes et Guy Monnet à partir du
concept des “îles spatiales” du physicien américain O’Neill, et qui est
compatible avec la physique d’aujourd’hui. Ce scénario imagine
d’immenses vaisseaux, construits dans l’espace avec les matériaux
abondants de la ceinture des astéroïdes, traversant pendant plusieurs
siècles les espaces interstellaires.
La question du secret aux États-Unis
L’un des aspects les plus importants du rapport du COMETA est qu’il a
attaqué de front la question du secret aux États-Unis. Dans ce pays,
remarquait-il, les médias et les sondages montrent un intérêt du public
beaucoup plus marqué qu’en France. Pourtant, la position officielle de
l’armée de l’Air reste, soit de nier, soit de dire qu’il n’y a pas de
menace pour la sécurité nationale. Nous savons combien cette question
lancinante du secret, essentiellement aux États-Unis, est l’un des
aspects les plus importants de tout le dossier ovni. C’est pourquoi il
est intéressant qu’un comité français, comprenant des experts militaires
de haut rang, ait osé l’aborder publiquement. Mais c’est aussi, sans
doute, la raison majeure de certaines critiques violentes dont il a été
l’objet.
Partie III : Les Ovnis et la défense.
Les auteurs, ici au cœur de leur sujet, estimaient qu’aucune action
hostile n’a encore été prouvée, mais qu’en revanche des actions
“d’intimidation” ont été enregistrées en France (cas du Mirage IV par
exemple). Puisqu’on ne peut exclure l’origine extraterrestre des
ovnis,il est donc nécessaire, en déduisaient-ils, d’étudier les
conséquences de cette hypothèse au niveau stratégique, mais aussi
politique, religieux et médiatique.
Le premier chapitre de cette troisième partie était consacré aux
“Prospectives stratégiques” et il s’ouvrait sur des questions
fondamentales : « Que faire s’il s’agit d’extra-terrestres ? Quelles
intentions et stratégie pouvons-nous déduire de leur comportement ? ».
Les motivations possibles de visiteurs extraterrestres étaient
supputées, telles que la protection de la planète Terre contre les
dangers de la guerre nucléaire, suggérée par les survols répétés
d’installations nucléaires militaires, notamment américaines et
soviétiques, qui pouvaient être perçus comme des avertissements.
Le COMETA évaluait ensuite le comportement des différents pays, allant
de l’inconscience apparente jusqu’à la possibilité de contacts
privilégiés, ultrasecrets, qui auraient pu être établis par les
États-Unis, expliquant ainsi leur attitude “des plus étrange” depuis la
vague de 1947 et l’incident de Roswell. Depuis cette époque, notait le
rapport, ce pays a pratiqué “une politique du secret croissant et de
désinformation continue” qui pourrait avoir pour objectif la protection à
tout prix de la supériorité technologique militaire acquise grâce à
l’étude secrète des ovnis !
Puis le rapport s’attaquait à la question : « Quelles mesures
devons-nous prendre maintenant ? ». Pour ces experts militaires, quelle
que soit la nature des ovnis, ils nous imposent une “vigilance
critique”, concernant en particulier les risques de “manipulations
déstabilisatrices”. Le rapport employait même l’expression de “vigilance
cosmique” des autorités, au plan national et international, afin
d’empêcher toute surprise choquante, toute interprétation erronée et
toute manipulation hostile.
En conclusion, le COMETA affirmait comme “quasi certaine” la réalité
physique des ovnis, sous le contrôle d’êtres intelligents. Une seule
hypothèse, affirmait-il, prend en compte les données disponibles :
l’hypothèse de visiteurs extraterrestres. Cette hypothèse n’est
évidemment pas prouvée, mais elle implique des conséquences très
importantes.
Les motivations de ces visiteurs présumés restent inconnues mais doivent
devenir un sujet de réflexion et conduire à l’ébauche de scénarios.
L’annexe sur Roswell et la désinformation
Le rapport du COMETA était complété par sept annexes, traitant de divers
aspects, dont l’un avait pour titre “L’affaire Roswell – La
désinformation”. C’est là que le rapport prenait un tour nettement plus
polémique, qui devait inévitablement déclencher certaines réactions, car
c’était un véritable pavé dans la “mare ufologique”. En France, en
effet, si l’on demande au hasard à quelques personnes ce qu’évoque pour
elles le nom de Roswell, on s’entend dire le plus souvent qu’il s’agit
du canular d’une soi-disant autopsie d’un extraterrestre. Or le rapport
du COMETA, non seulement prenait au sérieux l’affaire de Roswell, mais
allait plus loin dans cette annexe, évoquant la possibilité d’une
politique américaine de désinformation pour cacher les études secrètes
menées depuis 1947, date de la première grande vague d’ovnis et du crash
de Roswell. Il relevait les points forts du dossier, et soulignait que
l’enquête du Congrès américain (du GAO, General Accounting Office)
sur cette affaire, enquête qui avait été menée pendant un an et demi à
la demande du député Steven Schiff, du Nouveau-Mexique, car il
n’arrivait pas à obtenir la moindre information de l’armée de l’Air sur
Roswell, n’avait pu que constater la destruction non motivée d’une
grande partie des archives de la base aérienne de Roswell. Des archives
exceptionnelles, pourtant, s’agissant de l’unique base de bombardiers
atomiques à l’époque ! Le seul commentaire que se permettait le GAO
était : « Le débat sur ce qui s’est écrasé à Roswell continue ».
Le COMETA soulignait la coïncidence curieuse entre la divulgation du
film de l’autopsie supposée d’un cadavre d’extraterrestre du crash de
Roswell, fin juin 1995, et la divulgation du rapport du GAO, fin
juillet. Cette quasi simultanéité avait eu pour effet de détourner
l’attention médiatique sur ce rapport important, très embarrassant pour
l’armée de l’Air, en provoquant un énorme scandale qui allait
discréditer durablement l’affaire de Roswell aux yeux du public. Le
mieux est de citer les propos exacts du COMETA, mettant le doigt sur cet
“amalgame” entre ce film suspect et l’affaire de Roswell : « Son
authenticité est douteuse, mais surtout rien dans le film ne prouve que
le cadavre ait la moindre relation avec l’incident de Roswell.
L’amalgame est pourtant fait dans une grande partie de la presse écrite
et télévisée, ridiculisant ainsi l’affaire de Roswell. Les conclusions
du GAO et les vidéos des principaux témoins, présentées par TF1, passent
inaperçues, noyées au milieu du film de l’autopsie ».
C’était, à mon avis, une analyse courageuse et juste, déjà en 1999, qui garde toute sa pertinence aujourd’hui.
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