Première publication le jeudi 18 février 2012
Mise à jour le 17 octobre 2012 et le 17 janvier 2013
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Très simple.
C’est un chauffeur de taxi qui m’a décrit comment ça se passe.
Pour réussir son examen de passage et devenir chauffeur de taxi à Paris, il suffit de payer 5000 €.
La formation professionnelle pour devenir chauffeur de taxi parisien est en règle générale dispensée pendant 3 mois.
Prenons par exemple le cas d’un homme d’origine chinoise illettré qui souhaite exercer le
métier de chauffeur de taxi à Paris. Il commence par s’inscrire dans l’une des 20 écoles de formation parisiennes – 22 écoles agréées par la Préfecture de Police sur Paris en décembre 2009 - pour pouvoir se présenter en candidat libre à l’une des sessions trimestrielles de l’examen.
L’inscription faîte, il se renseigne, par exemple auprès des autres candidats, pour
savoir comment contacter l’une des personnes susceptibles de lui vendre les futurs sujets de l’examen. Facile, presque tout le monde est au courant.
Une fois la transaction réalisée, il lui suffit de se présenter à l’examen, signer la feuille de présence, pour avoir la certitude d’être reçu aux épreuves. Il n’est semble-t-il même pas nécessaire de suivre les 3 mois de cours. D’ailleurs si notre ami chinois comprend et parle très mal le français, qu’il ne sait pas le lire ni l'écrire, il est probable qu’il ne parvienne pas à suivre les cours.
Et mon copain chinois, ça y est : il EST chauffeur de taxi à
Paris !
D’après mon interlocuteur, cette pratique est courante et connue de tout le petit milieu des chauffeurs de taxi parisiens.
Le revenu net mensuel d’un chauffeur de taxi parisien s’élevant au minimum à 2 500 € et pouvant atteindre jusqu’à 5 000 €, l’investissement initial que représentent le coût de la formation (autour 2 500 €) et le dessous de table (5 000 €) est vite amorti par notre nouveau chauffeur de taxi.
Ce qui est étonnant c’est que le jury de la Préfecture de Police de Paris qui décide des résultats est, paraît-il, présidé par le Préfet. Ce jury serait composé de 18 membres représentant 6 secteurs : la Préfecture de Police, les services fiscaux, la Chambre des Métiers, les chauffeurs de taxis…
Livrons-nous maintenant à petit calcul.
La dernière session trimestrielle d’examen s’est tenue le 2 février dernier et a
réuni près 1 800 candidats pendant une heure trente sur cinq exercices.
La question est : à combien peut-on estimer le montant de ce petit biseness sympathique ?
Selon la source de mes informations, en partant de l’hypothèse réaliste que 3 élèves seulement dans chacune de la vingtaine d’écoles parisiennes aient payé ce rentable et discret passe-droit, ce sont ainsi 60 élèves qui auraient déboursés 5 000 € ; la petite organisation empochant ainsi environ 300 000 €.
Et franchement, 60 candidat sur 1 800 qu'est-ce que c'est ? Rien du tout ! Peenuts ! 3,33 %
des candidats : une goutte d'eau dans une botte de foin ! Qui va s'intéresser à un phénomène aussi dérisoire, aussi peu visible.
Et pas vu, pas pris !
Le système fonctionnant à chaque session trimestrielle, il semble raisonnable d'estimer que le montant total des sommes atteigne 1,2 million € par an.
Alors ça c’est un bon job !
Hé, c’est pas fini ! Faîtes ça pendant 5 ans et je vous garantis que c’est pas une
résidence secondaire que vous construisez, mais un quartier !!!
Hé ! Elle est pas belle la vie ? Quand on veut, on peut toujours travailler un peu plus en gagnant beaucoup plus. C’est une question d’imagination c’est tout !
Ceci étant, je ne suis pas journaliste et je ne vais pas m’amuser à vérifier si ce que m’a raconté mon chauffeur de taxi est véridique, ou s’il s’agit d’une rumeur ou…un peu des deux.
Je racontais ça juste pour faire un peu de buzz sur la Toile.
Mais, admettons qu’un journaliste tombe un jour sur cet article et qu’il se mette à enquêter, et que ça fasse un petit scandale politico administratif.
Et ben je ne serais pas mécontent, parce que des gens qui n’ont pas même pas 5 000 €
pour vivre toute l’année, j'en connais un paquet et j’en vois tous les jours.
Point barre.
La seconde question qui se pose est : le Préfet est-il informé de l’existence de ces agissements ?
Qui vient avec moi s’inscrire pour passer le prochain examen de chauffeur de taxi parisien ?
Drôle de France du mérite ?
J’ai dit
Plume Solidaire