Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street

Par Alex The Ghit

Si l’on exclut les Noces Funèbres, qui n’est pas un film à proprement parler, la précédente œuvre de Tim Burton était le remarquable Charlie et la chocolaterie, sorte de fable colorée, musicale et complètement déjantée. Deux ans plus tard, Burton revient sur nos écrans avec le toujours excellent Johnny Depp, et avec une image sombre et crade telle qu’on l’attend du réalisateur d’Edouard aux mains d’argent.

Dans le Londres de la fin du XIXème siècle, Benjamin Barker a tout pour être heureux. C’est un barbier renommé et talentueux, son affaire marche bien, et sa femme ravissante lui a donné une merveilleuse petite fille dont il est terriblement fier. Hélas, il attire la jalousie du malfaisant juge Turpin qui l’envoie croupir en prison pour voler sa femme.

Des années plus tard, Barker revient à Londres après s’être évadé, avec des envies de meurtre et de vengeance. Il reprend possession de son échoppe où il rencontre Mme Lovett, fabricante de tourtes immangeables, qui lui apprend que sa femme s’est empoisonnée après avoir été violée par Turpin. Prêt à tout pour assouvir sa vengeance, Barker, qui se fait maintenant appeler Sweeney Todd, dégoûté par la ville et ses habitants, reprend du service, en égorgeant tous les clients solitaires ou de passage. Mme Lovett se débarrasse des corps en cuisinant les meilleures tourtes qu’elle ait jamais fait, et se met à rêver d’une vie respectable aux côtés du barbier. Mais ce dernier n’a qu’une idée en tête : faire payer le juge Turpin…

Avant toute chose, ce film mérite un avertissement : Sweeney Todd est une comédie musicale, une vraie, une pure et dure, avec des gens qui chantent dans tous les sens à n’importe quelle occasion. N’allez pas vous imaginer, sous prétexte que Tim Burton a réalisé le film, que vous aurez droit à quelque chose d’autre qu’un film chantant. Non, la griffe de Burton se retrouve partout ailleurs, dans les décors, sombres, crades, déprimants, dans l’allure des personnages, dans la violence des images. D’ailleurs c’est étrange de constater que c’est sans doute le film le plus gore de Burton, avec force de gorge tranchées et d’artères giclantes. Rien ne nous est épargné dans Sweeney Todd, et sûrement pas les massacres à tour de bras des clients du barbier taré.

Donc l’univers de Burton est bien présent, on le sent dès les premières images. Mais dès les premières images, on a droit à des chansons, et c’est là que le bât blesse. Parce que pour apprécier ce film, il faut être fan des comédies musicales à l’ancienne, de Broadway et des grandes envolées lyriques. Johnny Depp s’en sort très bien, la plus surprenante étant sans doute Helena Bonham Carter, mais voilà, ça chante pour n’importe quel prétexte. Ce qui fait que si on n’adhère pas à la chanson à tout va, le film devient insupportable.

A réserver aux amateurs, donc.

Note :