SONGZIOParis – Sur une ambiance sonore mystique et torturée, sagement coiffés de gomina orange fluo, les dandys longilignes de Songzio font leur entrée…La cadence est douce, le défilé semble flotter paisiblement sur le parquet ciré d’une des salles de la mairie du 4ème arrdt.La coupe nette et indiscutable de la collection semble être une priorité chez Songzio qui propose des costumes ajustés, des manteaux cintrés boutonnage croisé, et autres silhouettes étriquées.Tout droit inspiré du sixième roman de l’auteur américain William Faulkner "Santuary", très controversé à sa sortie puisqu’il aborde le thème du viol, cette collection joue sur deux contrastes : - l’un utilise le cuir de façon omniprésente : noir et revisité de touche de peinture à l’huile, il est la véritable vedette de ce vestiaire hivernale, - l’autre : offre l’idée d’un cavalier vêtu d’un manteau que la longueur sur-dimensionnée évoque.Après une entrée en matière avec un cuir étincelant décliné dans un costume, les manteaux et autres compositions vestimentaires se ‘affichent en bleu, gris mat et gold pour certaines peaux.Le designer a également joué avec les matières utilisant aussi les lainages mais les popelines de coton blanche pour les chemises.Boots semelle élastomère, gants et chapeau complètent l’allure quelque peu Sherlock Holmesque de cette présentation intelligemment dérangeante.En totale adéquation avec les tendances, c’est sombre mais rafraîchissant. TILLMANN LAUTERBACH Paris – Je suis subitement saisi par une grande émotion à l’écoute de Ian Curtis, chanteur du groupe britannique JOY DIVISION. Comme dans les paroles d’un morceau quasi-introuvable, un guide (que nous attendions depuis longtemps déjà) nous prend par la main et nous emmène dans son univers personnel… son nom est Tillmann Lauterbach.Bien ancré dans le présent, il sait répondre aux attentes de la gente masculine actuelle avec un vestiaire urbain contemporain. Vestes et pardessus souples ou rigides délicatement épaulés se portent de façon décontractés, non casual. Un esprit "finesse nonchalante nouvelle génération" se faufile dans des manteaux zippés, trench-coats et autres propositions adroitement exécutés.Inspiré par un style anglais 1980, Tillmann Lauterbach présente un hybride entre costume stricte et tunique longue, insuffle une couleur café-lait ici et là, un bleu nuit décliné dans plusieurs vêtements.Les tissus sont impeccables, parfois texturisés pour un rendu brut. Le designer, qui travaille régulièrement en Chine, affectionne toujours les lignes épurées et détournent facilement quelques codes vestimentaires chinois, en témoigne les manteaux fermés de biais par un nœud.Une partie du vestiaire aurait, sans nul doute, beaucoup plu au chanteur disparu. WOOYOUNGMIParis – Le jaune, couleur d’agrumes et d’or, symbolise la lumière, l’énergie et la richesse. Vous en conviendrez, nombre de phénomènes de mode s’expliquent entre autres par des évènements conjecturaux, telle une crise économique bien trop présente. Le monde va mal, l’ambiance est morose… d’où l’envie presque obligatoire de créer des vêtements aux couleurs radieuses.On retrouve le jaune "bouton d’or" dans les propositions hivernales de Wooyoungmi.En effet, le label coréen de mode masculine, trouve un compromis entre des couleurs affirmées ou non, une ligne vestimentaire digne de ce nom, une structure stylistique téméraire et fonctionnelle.Inspiré du Bauhaus (Institut des arts et métiers allemand), Wooyoungmi s’est intéressée de près au célèbre courant artistique qui fit la renommée de l’établissement. Mouvement qui posa les bases de la réflexion sur l’architecture moderne, et notamment du style international.Un nouveau vestiaire, axé sur un confort de type technique, autour de costumes bien coupés, de chemises et de pantalons ajustés est ainsi né.Vestes cintrées et manteaux à l’allure cérébrale se portent avec rigueur et créent une allure franche et décidée dans des couleurs de bleus, verts, bordeaux, rose, caramel.Une collection graphique et contemporaine qui illumine pleinement un vestiaire dont le caractère est somme toute bien trempée.Un dressing citadin où la performance réside dans le choix des matières et des coupes.Une collection dynamique, moderne et bien orchestrée.Du grand Wooyoungmi.Fabrice Gil Demain : Rynshu, Bernard Willhelm, Qasimi Homme et Thom Browne.