Le manager doit montrer l’exemple dit-on. Il doit être en première ligne pour stimuler ses équipes. Mais est-ce toujours la meilleure méthode ? Voici une anecdote autour de Chrys Argyris (américain, professeur à Harvard), un gourou du développement des organisations.
Un jour, une petite entreprise anglaise qui voulait améliorer son organisation s’offrit le luxe d’une journée de conseil de Chrys Argyris. Le jour venu, Argyris s’assit dans la salle de réunion avec les directeurs de l’entreprise et se tut. Après un moment de flottement, un des dirigeants se leva et expliqua quelques-uns des problèmes de l’entreprise. Argyris resta silencieux.
Un autre participant se leva à son tour, continua à parler sur la situation, puis ce fut le tour d’un autre et ainsi de suite. Argyris était toujours muet. Très vite, les murs de la salle de réunion furent couverts de feuilles de paper-board et le groupe commença à s’agiter, à chercher des solutions pendant qu’Argyris restait toujours muet.
Il en fut de même durant le déjeuner, puis les travaux reprirent. Vers 16h, le président de séance fit un résumé de la journée et des décisions qui avaient été prises. A ce moment, Argyris se leva, alla au tableau et le silence se fit dans la salle. Il prit un des feutres et remit le capuchon dessus : « Si vous oubliez de le faire, il va sécher » et il se tut et se rassit. Ce fut sa seule parole.
La morale de cette histoire est de se demander ce qui serait arrivé si Argyris avait joué un rôle actif durant cette journée. Peut-être le groupe aurait-il voyagé plus ou moins loin. Dans cette situation, par sa présence et son silence, il avait donné du temps, de l’espace et la permission au groupe pour s’exprimer. C’est déjà beaucoup.
J’ai trouvé cette anecdote dans un livre de Valerie Steward « The David solution » (Gower publishing, 1990)