Jouissif et jubilatoire, avec tout plein d’hémoglobine, encore plus que dans « Kill Bill », c’est dire … encore qu’après tout, tirer à la carabine dans le hall de Tara ne ferait-il pas plus de dégâts encore ?
Bref, le film de Tarantino est une réussite. Bourré de références – Sergio Leone, bien entendu, mais aussi le « Roots », « Sheriff is in jail » de Mel Brooks, la mamma de « Autant en emporte le vent » … et aussi Alexandre Dumas et ses Trois Mousquetaires, qui, comme chacun sait, était métis. Mais le propos principal n’est pas là : c’est à mon sens le premier film qui prenne à bras le corps la question de l’inégalité des races, de l’horreur de l’esclavage, de la cruauté des petits blancs qui servaient de régisseurs à ces grandes exploitations agricoles.
Ici, le héros est un nègre (ainsi qu’on disait au XIXème siècle dans l’Etat du Mississipi) ; il va, tel Siegfried, se venger des souffrances qu’on lui a fait subir et délivrer son épouse, la douce Brünhild, séparée de lui par un rideau de flammes. Il fera équipe avec un chasseur de primes – une nouvelle image de Papa Schultz – sans états d’âmes, qui préfère ramener les personnes recherchées mortes que vivantes.
Le scénario est rapide, bien ficelé, on rit tout le temps, on applaudit à chaque explosion de balle ou de dynamite. C’est un feu d’artifice d’acteurs : Jamie Foxx, superbe et inquiétant, Léonardo DiCaprio en jeune propriétaire cruellissime, Christoph Waltz qui démontre que les Allemands, contrairement à « Inglorious Bastards », ne sont pas tous des salauds, Samuel L. Jackson en « Bounty » ou noir à l’extérieur et blanc dedans, enfin la sublime Kerry Washington …
On ne voit pas le temps passer (2h 45, tout de même), la musique et les décors sont splendides … c’est le film qu’il faut voir, qui donne la pêche, on en sort le sourire aux lèvres, malgré la neige drue qui tombait hier soir sur Paris …