L'effet coup de projecteur du Festival International de Bande Dessinée à Angoulême multiplie les annonces de la part de toute la profession. 2013 commence dans la presse papier avec un nouveau magazine à moins de 7 euros et offrant une ligne éditoriale séduisante. Kaboom a été proposé par l’agence 2B2M au magazine Chronic’art comme un numéro spécial Bande Dessinée. Il vient donc compléter l’approche culturelle du bimestriel. Son nouveau rédacteur en chef, Stéphane Beaujean, également cofondateur des librairies Aaapoum à Paris, évolue depuis plus de dix ans dans le monde du neuvième art.
Dans l’éditorial du premier numéro, Stéphane Beaujean précise sa ligne : « Ici, la bande dessinée n’est pas traitée comme un univers cloisonné, mais comme un miroir orienté sur notre monde dont le reflet est simplement fait de dessin. La parole est le plus souvent laissée aux auteurs, de tous genres, pays, ou époques, qui confient ce que le dessin traduit de leurs désirs et de leurs peurs. Peur de connaître la guerre ou de grandir comme son père, désir de sauver la mémoire ou de diffuser l’empathie humaine à travers le dessin… » Pour compléter, il nous explique vouloir offrir au grand public une approche différente de la bande dessinée avec une plus grande place à l’expression des auteurs et un regard à la fois rétrospectif sur la production récente et prospectif évoquant en avant-première des prochains projets. Délaissant ici les critiques, qui continueront sur Chronic’Art, il entend permettre au lecteur de se faire son idée tout en lui ouvrant des larges horizons sans segmenter le genre. « Nous souhaitons couvrir le spectre le plus large du neuvième art et touchant un nouveau public », complète–t-il, en se voyant plus comme complémentaire que concurrent de magazines comme dBD, Casemate ou même Zoo.
Le directeur de la publication, Benoît Maurer, ne se rappelle plus bien l’origine du nom né au cours d’un brainstorming : « Je trouve en tout cas le résultat à la fois sérieux et sexy, avec un côté qui pulse avec plein d’énergie ». On pourrait y voir un côté Marylin Monroe, mais aussi Betty Boop, un savant mélange de références artistiques et des onomatopées très BD. La formulation suggère aussi le ton et le style recherchés à savoir « un langage fluide et très accessible » et un contenu de haut niveau digne des magazines universitaires. Il devrait y avoir trois numéros dans l’année, dont un en juin sur la BD asiatique en prévision de Japan Expo et le comics pour le comic’on et la sortie du nouveau Superman au cinéma, et un autre en fin de l’année pour en faire un bilan.
sommaire du numéro 1 de Kaboom
Le sommaire du premier numéro est déjà exceptionnel. Jugez plutôt l’affiche :
- Des entretiens exclusifs avec Chris Ware, Katsuhiro Ôtomo, Jacques Tardi, Emmanuel Guibert, Albert Uderzo, Quino, Ben Katchor, Blexbolex
- Des dossiers sur Walking Dead, le manga et le nucléaire, André Pazienza…
- Des avant-premières exclusives : Blutch (Lune, l’envers chez Dargaud), Christophe Blain (La Fille chez Gallimard), Superman Anthologie chez Urban Comics.
L’équipe rédactionnelle inclut Benoît Mouchart qui publie quelques bonnes feuilles de son nouveau livre mais aussi un entretien avec Albert Uderzo. L’ensemble est abondamment illustré. Quelques articles semblent trop courts, comme l’hommage à Moebius, mais quelques interviews comme Chris Ware, Katsuhiro Ôtomo ou Emmanuel Guibert et Jacques Tardi valent leur pesant d’or. L’analyse de l’œuvre de Jacobs mérite le détour. Et de nombreuses découvertes assurent de passionnants moments de lecture. C’est dense mais aéré, original mais aussi généraliste, joliment présenté et bien illustré avec de belles photos. N’hésitez pas à le demander à votre marchand de journaux !