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Azur ou la vie dans les bois

Publié le 18 janvier 2013 par Legraoully @LeGraoullyOff

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Azur.

Comme le nom de ce petit village perdu au milieu de nulle part sonne joliment.

J’emprunte le sentier des Airials entouré de chênes qui m’ont l’air centenaires.

C’est la route de St Jacques de Compostelle.

J’espère ne pas croiser un de ces culs-bénis.

La promenade du Marensin.

Le circuit du pont du loup.

Le long de l’ancienne voie ferrée.

Marcher sans savoir ce qui m’attend au bout du chemin.

Une randonnée c’est une allégorie de la vie

En beaucoup plus calme sans doute ici.

Quelques maisons typiquement landaises sont éparpillées de-ci de-là.

J’arrive devant l’ancien lavoir municipal.

Je fume une cigarette sur le banc de pierre froid juste à côté.

Les chênes ont disparus.

A droite, un petit ruisseau me sépare de cette forêt de pins omniprésente dans le département.

Elle s’étend toujours à perte de vue.

Les troncs laissent gentiment filtrer le soleil projetant leur ombre sur le sol

En un alignement de barreaux parallèles

Formant une sorte de prison molle

D’où toute sortie n’est pas grivelle

Puisqu’ici

Le spectacle est totalement gratuit.

Un champ de maïs s’étend à gauche.

Les pinsons et les grives

Au milieu de quelques grues cendrées

Y improvisent une danse lascive

Un véritable appel à la gaieté.

Un peu plus loin, deux ânes et deux chevaux regardent bizarrement

Passer des dizaines de coqs et de poules évoluant en totale liberté

Se demandant surement

Pourquoi eux-mêmes s’obstinent à rester dans leur petit espace clôturé.

Je m’imagine une scène de révolte façon ferme des animaux.

Je continue à aller de l’avant.

Le silence n’est rompu que par les aboiements de plusieurs chiens en état d’alerte en entendant résonner mes pas sur la petite route  goudronnée.

La volaille se met à caqueter puis chaque bestiole y met du sien.

Qu’elle est agréable à écouter cette symphonie champêtre.

Qu’il est agréable d’observer leurs petites manies agrestes.

En voilà qui n’auront jamais besoin de connaître les différents usages que l’évolution et le progrès scientifique nous ont imposé à nous autres, pauvres hominidés.

Remarquez, ils en souffrent aussi.

C’est surement ça le pire…

Une voiture blanche s’avance doucement vers moi puis s’arrête.

Une femme d’âge mûr, une azurienne brune et plutôt bien conservée en sort.

C’est la propriétaire d’une ferme un peu plus loin vers l’horizon.

Elle s’étonne de me voir carnet et stylo à la main en train d’écrire ces lignes.

Au début, elle me pense journaliste.

« Je suis écrivain » lui dis-je un peu présomptueusement.

Un sourire et le soleil inonde  alors son visage immédiatement.

Je lui rends, un peu étonné.

D’habitude les gens n’ont pas cette réaction en entendant cela.

Elle me raconte alors qu’elle-même écrivait de la poésie dans sa jeunesse

Qu’elle semble avoir conservé

Lorsque j’entends couler cette tendresse

Dans sa chanson des mots qui commence à m’électriser.

Je suis amoureux de l’accent gascon.

Elle me demande sur quoi j’écris.

Je lui réponds sur tout et lui faire lire ces quelques lignes.

Elle apprécie.

Je lui note l’adresse de mon blog.

Elle me promet d’aller y faire un tour puis remonte dans sa voiture et continue sa route.

Je fais de même, encore étonné qu’il faille me perdre en forêt pour rencontrer une passionnée.

J’arrive à la croisée des chemins.

A droite, la forêt

A gauche, la route continue en une boucle qui me ramènera à mon point de départ.

Je voudrais bien m’enfoncer

Mais il y a mon père qui m’attend quelque part…

 

Le brun feuilles mortes se marie bien

Avec le vert gazon et le vert conifère

Je m’assieds le temps d’enrouler du tabac dans du papier fin

Histoire de profiter de cette nouvelle ère.

L’humidité de l’herbe imprègne alors mon fut, mon caleçon, puis mes fesses.

Je commence à humer

Ces nouveaux parfums mais mon nez

Est interpellé par une sale odeur

Qui provient de la poche extérieure de mon blazer.

J’y plonge alors la main sachant déjà ce que je vais y trouver.

Un amas de mégots.

Et pas de poubelle dans les environs.

La petite dernière rejoint donc l’odorant monceau.

Je me lève et continue mon chemin.

Sur la droite, une maison à colombage, ils appellent cela l’Oustaù par ici.

Un panneau bleu m’indique que je suis maintenant sur la route de Nougaro.

La classe !

Un appel de mon père met fin à mon petit périple.

Il est temps de prendre la direction de Magescq et de s’improviser facteur…

 

 

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