Paris – Bamako – Dakar

Publié le 18 janvier 2013 par Wtfru @romain_wtfru

 

L’équipage français, après avoir distancé ses concurrents lors de l’étape de liaison entre la Somalie et le Mali, se retrouve aux avants postes pour la spéciale de 700 kilomètres reliant Bamako à Tombouctou. C’est vraisemblablement l’équipe  Rafale #6 qui risquerait d’arriver le premier à destination si la stratégie du leader de cette équipe se confirme. N’oublions pas que l’alliance France – MISMA (Mission Internationale de Soutient au Mali) pourrait rendre la victoire à l’équipe Rafale #6 un peu plus facile en raison de problèmes logistiques : l’équipe MISMA n’est pas encore au complet. Oui, le Paris – Bamako – Dakar aura une saveur particulière cette année puisqu’il se jouera à balles réelles et que personne ne s’étonnera du nombre de victimes par chute ou dommages collatéraux. L’équipage Aqmi (Al-Qaïda Maghred Islamique), également armé de bâtons en plus de ses AK47, sont les anciens skieurs pros de la compétition puisqu’ils connaissent les pistes sahéliennes par cœur : ils jouent à domicile.

Tout s’organise de la manière la plus politico-diplomatique correcte au sein du comité élyséen puisqu’un consensus entre l’opposition et le pouvoir en place ne fait aucune faille – ou presque – sous couvert de l’unité nationale contre le terrorisme. C’est exactement ce genre d’indice qui nous pousse à croire que cette histoire sent le pétard mouillé. Le PCF et l’ancien Premier Ministre Dominique de Villepin tirent en premier la sonnette d’alarme en nous demandant de réfléchir « [aux] décennies des guerres perdues, en Afghanistan, en Irak, en Libye. Jamais ces guerres n’ont bâti un Etat solide et démocratique. Au contraire, elles favorisent les séparatismes, les Etats faillis, la loi d’airain des milices armées. Jamais ces guerres n’ont permis de venir à bout de terroristes essaimant dans la région. Au contraire, elles légitiment les plus radicaux. »
Le timing est également assez abracadabrantesque puisque le début de l’opération Serval coïncide avec le retrait des troupes d’Afghanistan et l’échec de l’opération commando en Somalie qui avait pour but de sauver l’otage français Denis Allex, membre des services français du renseignement extérieur (DGSE). Un excellent moyen donc de justifier la présence militaire française à l’étranger.

Alors, lutter contre le terrorisme chez les autres nous aidera-t-il à l’éradiquer chez nous ? Rien n’est moins sûr puisque le gouvernement en place a fait d’une pierre deux coups en lançant simultanément l’opération Serval au Mali et un plan Vigipirate renforcé en France. Nous rappelons ici qu’un plan Vigipirate consiste à placer dans les aéroports, gares et centres commerciaux des bidasses labélisés Armée de Terre pour qu’ils puissent sortir de leur casernes, voir arriver de destinations où ils n’iront certainement jamais des avions et des trains puis mater des culs. Le quotidien d’un banlieusard à l’exception que leur armement identique n’est pas financé de la même manière. Mais cela rassure paraît-il.  

L’Algérie a également une très belle carte à jouer puisqu’en verrouillant ses frontières et en autorisant l’accès illimité haut débit tout frais compris à son espace aérien aux forces françaises, (privilège important puisqu’elle l’avait toujours refusé à la France, y compris pendant la guerre du Tchad et l’offensive en Libye) elle risque de pouvoir se débarrasser d’Aqmi sans avoir engager ses troupes dans un combat sanglant à l’étranger même si elle est déjà mobilisée sur son territoire. L’Algérie est un pays non-interventionniste. Elle a néanmoins actionné sa machine diplomatique avec les représentants du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) et ceux d’Aqmi pour tenter de trouver un compromis il a de cela un peu plus de 6 mois.

Vous l’aurez compris, douze ans après, les leçons de l’Afghanistan ne sont pas retenues et en attendant la mise en place du nouveau gouvernement de l’alliance en « Absurdistan » ex-Mali, préparons nous à une actualité riche en hémoglobine, tensions et patriotisme; juste de quoi faire oublier aux pauvres qu’ils ont faim. 

Pour aller plus loin et comprendre les origines du conflit :

http://wtfru.fr/les-etats-fragiles-du-sahel/