L’avis de JB
Un peu plus loin des étoiles
Bon, voyons ce que nous dit Wikipédia :
« Joseph William Haldeman est né à Oklahoma City et a suivi sa famille lors de ses nombreux déménagements : Porto Rico, La Nouvelle-Orléans, Washington D.C., Bethesda et Anchorage. Marié en 1965 à Mary Gay Potter, il étudie d'abord l'astronomie à l'université du Maryland où il obtient un B.S. en 1967. La même année, il est mobilisé et part pour le Viêt Nam en tant que sapeur. À son retour, il reprend ses études en mathématiques et informatique, de 1969 à 1970 »
Et bam ! En 1976, il publie « La Guerre éternelle », et rajoute le Nébula et le Hugo à sa collection de décorations.
« En 1997, il renoue avec le thème de son premier roman dans La Paix éternelle (Forever peace) et décroche une fois encore les prix Hugo et Nebula. Deux ans plus tard, il publie La Liberté éternelle (Forever Free), qui est la suite de La Guerre éternelle. »
Bang, bang ! Vétéran du Vietnam, affilié à Poudlard, né à OKC et quintuple médaillé. Pas mal…
Bon, la couverture est moche, l’humanité voyage dans l’espace et se fait attaquer par des extra-terrestres baptisés « Taurans ». S’ensuit une première guerre, menée par des jeunes soldats soigneusement choisis et entrainés, avec dans leur rang William Mandella (rien à voir), un surdoué de la physique. « La guerre éternelle », c’est un peu le journal de bord d’un jeune homme, parti simple soldat à 20 ans en 1997, et devenu officier supérieur à 32 ans en 3143, au gré des distorsions temporelles engendrées par d’interminables voyages spatiaux via des portails, etc.
Wikipédia, toujours plus renseigné que moi, a déjà fait le lien avec le bouquin de Robert A. Heinlein « Étoiles, garde-à-vous ! ». Ayant vu « Starship Trooper », dont le livre est tiré, quelques dizaines de fois, j’imagine que c’est une base de comparaison. Evitons, donc, l’écueil du combat starisé pro ou antimilitariste, concentrons-nous sur la qualité de ces deux produits Made in USA. Le film de Verhoeven est un intéressant film d’action rempli d’humour noir, de recul et de moments surjoués. Sa grande force est de tanguer constamment entre premier et deuxième degré, entre critique et encouragement.
A la guerre comme à la guerre
« La guerre éternelle » est un livre ennuyeux, plutôt pas bien écrit et regorgeant de clichés. Je pourrais ajouter « linéaire et sans saveur », mais quand je me lève du pied droit avec cinq gorgées d’Evian dans le ventre, je sais me montrer tolérant. Les méchants Taurans sont peu et mal décrits, sans relief. Il existe une frontière entre sur-décrit et volontairement mystérieux, mais pas là. Possible de faire des projections sur le futur de l’humanité, mais finir sur une entité bonne et lumineuse à plusieurs milliards de conscience avachie dans une paix sirupeuse ? Intéressant scenarii sur la sexualité de l’humanité également ou sur le rapport au travail. Bon l’auteur a quand même dit :
« [...] La Guerre éternelle est beaucoup plus un ouvrage dénonçant la guerre qu'un roman antimilitariste. Je suis contre la guerre, pas contre les soldats. Bien sûr, j'ai pu être dur pour une classe particulière de militaires, les officiers. Personne ne s'en est jamais plaint. »
Soldat chair à canon, atrocités de la guerre, hippies montré du doigt : pourquoi pas. Le problème c’est quand même qu’autour de ces thèmes, il n’y a pas de livre. Le récit est moribond, les guerres s’enchainent et se ressemblent, le héros a oublié sa cape de charisme et continue, à notre grande horreur, de nous gratifier de petits monologues croustillants du type « bien joué petit gars », ou « ce n’est pas à un vieux singe » etc. Désillusionné mais conscient le type.
Le meilleur passage de l’ouvrage est, pour moi, l’enquête que mène notre soldat pour découvrir comment ses troupes ont réussi à se fabriquer un alambic à tord-boyaux. Le reste est un témoignage réchauffé sauce futur-kitsch sans surprise ni rebondissement.
Je ne peux pas en vouloir à l’auteur de donner son avis, sa position de vétéran du Vietnam sur la guerre, ou ses projections sur l’avenir de l’humanité. C’est juste qu’en tant que livre de science-fiction, « La guerre éternelle » ne tient pas la route.
A lire ou pas
Ben non. Je ne suis déjà pas un grand fan du genre (SF militaire) mais si, en plus, le littéraire ne suit pas, la tâche ne m’est pas facilitée. Non pas que « la guerre éternelle » soit une catastrophe, c’est juste un mauvais ouvrage de SF qui ne mérite pas qu’on s’y attarde. Lecteurs qui avez lu « « Étoiles, garde-à-vous ! », manifestez-vous, donnez votre avis, que le combat commence !
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