En 1999, je me souviens d’une discussion avec mon ami Jean-Marc. Nous discutions du Tour de France qui arrivait. Comme je le rappelais en 2009, je lui ai dit : « Et si c’était l’année d’Armstrong ? ». À ce moment-là, cette hypothèse était bien peu crédible. Mais elle me plaisait bien. Ce fut l’année d’Armstrong. La première des sept !
Il était souverain. Le voir démarrer à la première grosse côte du Tour et planter sur place tous ses adversaires avait quelque chose de magique. Cette magie, je l’attribuais à sa force de caractère, à son entraînement rigoureux, à sa préparation calculée. Je me refusais de penser qu’au-delà de ceux-ci, il y avait aussi du pétrole artificiel.
Ou plutôt, je me refusais de penser qu’il était à cet égard différent des autres. J’ai bien l’impression qu’aujourd’hui, je me le refuse encore. Armstrong s’est dopé. Avec le même souci de perfection qu’il avait dans sa manière de courir. Il s’est dopé, comme tous les autres, plus que vraisemblablement. Comme je l’écrivais en août dernier déjà, la liste des coureurs qui figuraient sur les 7 podiums parle par elle-même : Alex Zulle, Fernando Escartin, Jan Ullrich, Joseba Beloki, Raimondas Rumsas, Alexandre Vinokourov, Andreas Klöden et Ivan Basso ! Huit coureurs qui ont tous été convaincus (ou impliqués dans des affaires) de dopage à un moment donné de leur carrière ! Sans doute, plus loin dans le classement, y avait-il des coureurs propres qui peuvent à juste titre se sentir lésés. Mais pour ceux qui jouaient la gagne, pas de doute : ils carburaient tous à autre chose que de l’eau claire.
Armstrong était-il dès lors le « mieux dopé » ? Peut-être. L’avenir nous en dira peut-être plus sur les techniques, sur les personnes impliquées… N’empêche : parmi les dopés, c’est quand même lui qui gagnait. Cela, il ne le devait pas uniquement à ses produits magiques, mais aussi à sa force de caractère, à son entraînement rigoureux, à sa préparation calculée. J’en suis convaincu, mais je sais que cela ne change rien. Tout cela est monstrueusement triste. D’autant plus que pendant tout ce temps, il a toujours nié avec arrogance et froideur, se prétendant blanc comme la neige. Je sais maintenant pourquoi je n’aime pas la neige : elle n’est jamais vraiment toute blanche.