Que ce soit suite à l’expulsion d’Adam du paradis terrestre ou pour quelque autre raison, l’homme a été condamné à gagner son pain à la sueur de son front. Des générations ont vécu ainsi, l’homme travaillant pour entretenir sa famille et élever ses enfants. Ceux-ci devaient ensuite prendre soin de lui dans ses vieux jours, quand il n’était plus en état d’assurer sa subsistance. Cela conduisait certains couples à engendrer une descendance nombreuse, en particulier aussi pour combler les pertes dues à une forte mortalité infantile.
Dans des sociétés plus avancées, la charge des anciens est devenue collective et des systèmes de retraite par répartition ont été institués. Ceux qui travaillent versent une fraction de leurs revenus à des caisses de retraite qui peuvent ainsi payer des pensions à ceux qui ont déjà cessé leur activité. Ils acquièrent ainsi des points qui détermineront le montant des retraites qu’ils percevront eux-mêmes lorsqu’ils auront terminé leur carrière, ces pensions étant financées par les cotisations de ceux qui les auront remplacés.
Il est donc totalement aberrant de prétendre, comme le font certains gouvernants, que des suppressions massives de postes sont acceptables lorsqu’elles se font sans licenciements. Et, pire encore, c’est méconnaître le mécanisme de remplacement des générations. En effet, c’est le départ à la retraite des plus anciens qui libère des places pour la génération montante. Après la révolution industrielle, des entreprises s’efforçaient de s’assurer une main d’œuvre formée à la marche en feu continu. Elles menaient une politique salariale et sociale qualifiée parfois de paternaliste qui conduisait tout naturellement les fils à rejoindre ou remplacer les pères « à l’usine », le développement économique marchant de pair avec la croissance démographique.
Lorsqu’une entreprise comme Renault annonce 7500 suppressions de postes, même si la casse demeure limitée pour ceux qui perdent leur emploi sans se retrouver au chômage, elle condamne potentiellement 7500 jeunes à la précarité. Seuls l’éducation, la formation, la recherche, le développement et le soutien aux entreprises naissantes permettront de voir de nouveaux secteurs économiques remplacer les domaines déclinant.
On ne peut réagir à une annonce comme celle de Renault en déclarant : « Pas grave, il n’y a pas de licenciements secs ». La seule attitude responsable est, au même moment, de présenter les mesures prises pour remplacer les emplois qui vont disparaître.