Balles de gaz traçant de le milieu interstelaire
L’optique adaptative dernier cri qui équipe le télescope Gemini Sud offre des détails époustouflants d’une région de la nébuleuse d’Orion où fusent de gros morceaux de gaz chauds éjectés par des jeunes étoiles massives en gestation.
Pendant qu’une partie de l’humanité fêtait l’entrée dans la nouvelle année 2013, une équipe d’ingénieurs et astrophysiciens zélés réalisait les premières observations avec leurs nouveaux systèmes d’optique adaptative baptisé GeMS (Gemini Multi-Conjugate Adaptive Optics System) à l’observatoire Gemini (télescopes jumeaux de 8,1 m. Gemini North et Gemini South au Chili). Mis au point pour pallier l’incessante turbulence atmosphérique qui dégrade les observations terrestres, le système offre au télescope Gemini Sud une qualité d’image sans précédent qui n’a rien à envier aux télescopes spatiaux. Au moyen de cinq faisceaux lasers, les fluctuations de l’atmosphère sont connues en temps réel. La technologie développée permet de les corriger instantanément avec une plus grande efficacité que jamais.
On peut deviser du gain en comparant la même région du ciel, en l’occurrence une parcelle de la vaste nébuleuse d’Orion, capturée en 2007 avec la déclinaison précédente “Altair” avec l’image acquise fin 2012 par le tout nouveau « GeMS ». Le champ est élargi et l’image affiche 16 fois plus de pixels, 2.5 fois plus fins.
Comparaison image prise en 2007 avec « Altaïr » et fin 2012 avec « GeMS »
La nébuleuse d’Orion (Messier 42, M42) est un vaste nuage de gaz et de poussières distant d’environ 1 400 années-lumière où bourgeonnent des milliers d’étoiles. Ces images obtenues avec Gemini, avec un intervalle de cinq ans, lèvent le voile sur un recoin du plus célèbre et lumineux nuage moléculaire du ciel terrestre, hérissé ici dans cette partie, de plusieurs stalagmites de gaz, souvent qualifiées de “balles d’Orion” (“The Orion Bullets”). Au sommet de ces colonnes orangées, pointent des morceaux ou paquets de gaz chauds riches en fer (en bleu sur ces images infrarouge), éjectés à des vitesses supersoniques depuis un amas d’étoiles massives et turbulentes en formation, situé hors champ. Ces “balles traçantes” interagissent avec le milieu relativement dense composé essentiellement d’hydrogène neutre. En le réchauffant, on peut admirer les tunnels fuselés creusés dans leurs sillages … Un peu comme les balles tirées dans l’eau (les exemples ne manquent pas au cinéma). Chaque paquet bleu a une taille équivalente à 10 fois celle l’orbite de Pluton ! Les trainées, quant à elle, s’étalent jusqu’à 2 000 milliards de km (le cinquième d’une année-lumière).
De plus en plus détaillées, ces images montrent aussi des changements accomplis en l’espace de cinq ans, notamment le déplacement rapide de ces balles brulantes et la lente dilution des turgescences.
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Source : Gemini.
Crédit photo : Gemini Observatory/AURA.