Allons-y. Commençons par leur apprendre la première des évidences, celle que l’on constate en poussant la porte d’un bar à hôtesses ou en interrogeant un juge des affaires familiales : l’espèce humaine n’est pas une espèce particulièrement monogame. Contrairement à la loutre marine ou à la tourterelle qui elles, s’entichent véritablement de leur partenaire jusqu’à ce que la mort les sépare, et pas uniquement jusqu’à ce que leur « petite mort » les sépare.
Lorsqu’il est question de progéniture, poursuivons en leur expliquant que le modèle familial dominant père-mère-enfants doit sa pérennité, dans les sociétés occidentales contemporaines, à différents facteurs historiques, religieux et politiques. Donc, des facteurs essentiellement culturels. Est-ce une structure capable de permettre l’épanouissement d’un enfant. Assurément. Est-ce la seule ? Absolument pas. Est-ce la meilleure ? Rien ne nous permet d’en être certain. Les deux femmes ayant élevé Henri Guaino peuvent être satisfaites de lui avoir offert, selon son propre aveux, « une enfance heureuse », tout se félicitant de le voir évoluer aujourd’hui dans un domaine prestigieux. On peut difficilement en dire autant du papa et de la maman de Francis Heaulme.
En effet, l’élément primordial de la construction psychologique d’un être humain est bien évidemment l’affection reçue par ses congénères, élément essentiel qui lui donnera le sentiment profond d’appartenir à la communauté des Hommes. Des preuves d’attachement qui peuvent provenir des parents biologiques, adoptifs, des grands-parents, d’une nourrice, ou d’un couple homosexuels. Chez celui qu’Aristote présentait comme un animal politique, personne n’a le monopole du cœur.
Par contre, et inversement, le jugement négatif d’autrui, et l’exclusion qu’il induit, peut détruire un individu dès son plus jeune âge. Par exemple, si l’ensemble d’une société à tendance à considérer un enfant élevé par un couple homosexuel comme anormal, il y a fort à parier que l’enfant en question rencontre des difficultés à s’épanouir. Les causes se muent en conséquences dans un cercle aussi vicieux que ceux qui l’utilisent pour répandre l’ignorance et la peur.
Alors, en effet, il est très néfaste de mentir aux enfants. De leur faire croire qu’il y a une seule et unique manière de concevoir l’existence. De réduire le champ des possibles soit par bêtise, soit à des fins idéologiques. De les faire participer à des manifestations rétrogrades. De les faire marcher au sens propre comme au figuré. Car si la vérité sort de leur bouche, il serait temps qu’elle rentre par leurs oreilles.
Guillaume Meurice
18/01/2013