Philippe Baudelocque, l'ovni du street art

Publié le 18 janvier 2013 par Digitives @digitives

Lorsque l'on découvre le travail de Philippe Baudelocque, tout laisse penser à du street art. L'ensemble des ingrédients semble réuni : un artiste ayant choisi la rue pour y exposer des oeuvres caractérisées par leur forme atypique et durée de vie très éphémère. Baudelocque, lui, ne se reconnait pas dans ce mouvement. Aucune satire de la société ne se dégage de ses oeuvres et s'il devait y avoir un questionnement, il dépasserait celui du cadre urbain et mettrait l'accent sur les éléments qui constituent le vivant et cela de manière universelle. Portrait d'un artiste hors du commun.

L'artiste plasticien P. Baudelocque posant à côté de son oeuvre, rue du Pont aux Choux à Paris


Né à Yerres en 1974, Philippe Baudelocque débute sa carrière artistique dès l'adolescence en s'essayant au graffiti. Connu sous le blaze "Fusion", l'artiste finira par délaisser crews et bombe de peinture pour un art plus  figuratif. Diplomé de l'école Nationale Supérieure des Arts décoratifs à Paris, il débute en 2009, "Cosmic Animals", une série de fresques représentant la faune. Le concept voit le jour rue du pont aux choux, dans le troisième arrondissement, alors que l'artiste se promène et repère une devanture à l'abandon. Après avoir obtenu l'accord du propriétaire, Baudelocque, muni d'une simple craie blanche, donne vie à un premier animal sur un mur reconverti en tableau noir.

De son expérience de graffeur, l'artiste a gardé la présence du mur en y apportant un tracé sophistiqué. Une esthétique que l'on retrouve dans l'anatomie de ses "animaux cosmiques" caractérisée par un amas de cellules représentant une dimension. Pour chaque dimension, Baudelocque crée un motif, offrant une oeuvre d'une complexité rare. Difficile alors pour les passants de ne pas s'arrêter pour admirer la multitude de détails qui compose chacun de ces animaux.

Un travail titanesque qui force d'autant plus l'admiration qu'il prend vie à partir d'une simple craie. La fragile existence d'une oeuvre au sein de l'environnement urbain, Baudelocque la renforce en choisissant ce procédé des plus éphémères. Bien qu'étant une contrainte propre du street art, l'artiste ne se reconnait pas dans ce mouvement. Sans aucune transgression ou vandalisme, les oeuvres se distinguent par leur absence de revendications tout en attirant l'attention sur des éléments qui dépassent la simple condition humaine.
Véritable électron libre, Philippe Baudelocque brille par sa singularité en livrant des oeuvres pleines d'humilité.
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