Après avoir emprunté des rues désertes de notre patelin, nous franchissons la Moselle sur le grand pont où une pancarte nous indique que la baignade est interdite. Heureusement, dès fois qu'une idée saugrenue de sauter dans l'eau nous ait effleurés ! Puis, après avoir dépassé le chalet Beaurivage (restaurant sympathique) et traversé la voie ferrée désaffectée, nous prenons le chemin sur la droite derrière l'ancienne gare.
Les bruits du village engourdi sont de plus en plus étouffés. C'est un chien qui aboie au loin, une auto de passage dans la Grande rue, un quad qui pétarade.
Puis le village se fait oublier derrière nous. Quelques sons troublent le silence. Le choc régulier d'un rameur frappant l'eau sur la Moselle, la corne d'un chasseur sur la colline en face, une rare voiture sur l'autre rive, un envol de ramiers nous ayant repérés...
Le silence à nouveau, à peine troublé par nos pas tantôt dans les feuilles humides, tantôt sur le sol boueux.
Nous quittons le sentier qui longe la falaise trouée comme du gruyère par les grottes dont les ouvertures mystérieuses jalonnent le sentier forestier. Nous franchissons à nouveau l'ancienne voie ferrée Toul Neuves-Maisons au niveau d'une autre ancienne gare, isolée et déserte, empruntons sur notre gauche le chemin que l'on qualifie de hallage bien qu'il n'en ait plus la fonction, ou ne l'a même jamais eue, le long de la rivière canalisée à grand gabarit.
Et puis progressivement un bruit de chute d'eau trouble la quiétude, d'abord lointain, puis de plus en plus présent. C'est le barrage de Villey le sec dont une seule des trois vannes vomit un flot tumultueux telle un monstre pantagruélique malade.
Pour le retour nous penons l'option "circuit", empruntant la route qui nous fait traverser la Moselle sur le barrage et sa centrale, longer la grande écluse, traverser son bief en aval, longer quelques paillotes délabrées au pied de la forêt moussue. Malgré la saison hivernale, le talus au pied de "la Treiche" est verdoyant grâce aux touffes de fougères scolopendre abondantes dans cet endroit qui ne voit pratiquement jamais le soleil. Les grottes (préhistoriques) de cette rive sont invisibles sur une terrasse légèrement au-dessus de la vallée. Nous arrivons bientôt en vue des premières maisons ayant à peine été dérangés par quelque auto et un ou deux cyclistes empruntant un tronçon de la "boucle" et surgissant sans bruit derrière nous. Le village aux cheminées fumantes baigne dans la grisaille du soir d'hiver qui tombe rapidement... Les rues sont toujours désertes.
A cause de l'air vif, j'ai le nez qui rougeoie, les yeux qui larmoient, les pieds un peu froids et l'envie d'un bon thé brûlant.