En étudiant ses habitudes de navigation, on peut arriver à déterminer les comportements d'achat d'un e-consommateur.
Peut-on déduire du temps que vous passez sur Facebook le type de produits que vous êtes susceptible d’acheter en ligne ? D’après deux chercheurs de l’unitéYahoo! Research de Barcelone*, la réponse est oui. Pour le bien de leurétude, ils se sont intéressés aux données de plus de 88 000 internautes ayant acheté un total d’un demi million de produits sur les sites de e-commerce Amazon et Walmart. En analysant l’historique de ces acheteurs, les chercheurs ont étudié leur comportement avant un achat, comme par exemple les éventuelles recherches qu’ils ont pu effectuer sur un produit avant d’effectivement passer à l’acte (sur un site spécialisé ou sur un comparateur de prix). Ils se sont aussi intéressés à leur usage général d’Internet, en regardant par exemple si ces internautes utilisaient fréquemment les réseaux sociaux ou consultaient souvent des sites d’information.
"News addict" = acheteur compulsif
Grâce aux mots clés, les chercheurs ont également pu isoler les parents "probables" de leur échantillon (en partant du principe qu’un internaute qui effectue des recherches en rapport avec l’enfance ou l’éducation à plusieurs reprises sur une longue période a sans doute des enfants). Les résultats de cette étude à grande échelle sont souvent attendus mais permettent de confirmer certaines intuitions. Par exemple, les parents ont tendance à beaucoup comparer les prix avant de finaliser un achat. Plus surprenant, les chercheurs ont pu déterminer que les lecteurs de sites d’information étaient des acheteurs impulsifs qui comparaient peu avant de passer à l’acte. On apprend également que les internautes qui consultent souvent des contenus multimédia ou qui aiment lire des blogs achètent plus souvent que les autres des produits informatiques, des jeux vidéo, des articles de sport ou de jardinage. Les utilisateurs intensifs de réseaux sociaux achètent en plus grande quantité des produits pour enfants ou… des pièces détachées automobile.
Les produits de luxes ne sont pas plus comparés
Autres données intéressantes, les chercheurs se sont aperçus que les internautes ne passaient pas autant de temps à se renseigner sur tous les types de produits. Les acheteurs passent par exemple plus de temps à comparer les produits "d’expérience", c’est-à-dire dont il est difficile d’évaluer la qualité avant achat (un appareil photo, par exemple), que les produits aux caractéristiques plus évidentes (comme un logiciel ou un bouquet de fleurs). Ce à quoi les chercheurs ne s’attendaient pas en revanche, c’est de constater que le prix n’a que peu d’influence sur l’effort fourni par les internautes avant un achat. Autrement dit, ce n’est pas parce que le produit est cher qu’il donnera lieu à plus de recherches en ligne. Les chercheurs ont deux hypothèses : "soit il s’agit d’un achat prévu de longue date et les acheteurs se sont renseignés ailleurs que sur Internet, soit les internautes qui achètent ce type de produits de luxe sont moins sensibles au prix".
* l’un des laboratoires de recherche que l’entreprise californienne a créé en 2004