Théâtre de l’Atelier1, place Charles Dullin75018 ParisTel : 01 46 06 49 24Métro : Anvers
Une pièce de Christian SiméonMise en scène et scénographie de Christophe LidonLumières de Marie-Hélène PinonAvec Alexandra Lamy
L’histoire : En 1896, Thadée Nathanson, fondateur de la Revue Blanche, déclenche une grave crise dans le couple qu’il forme avec son épouse, la resplendissante pianiste Misia, égérie du Tout-Paris de la belle Epoque, modèle de Lautrec, Vuillard et Renoir, lorsqu’il publie un article de Strinberg intitulé « De l’infériorité de la femme » puis refuse d’engager Henri Bergson pour la chronique philosophique de la revue comme elle le lui demande…Quelques mois plus tard, à la première d’Ubu Roi, Misia rencontre le très vulgaire et richissime Alfred Edwards, l’homme qui respire les femmes. Edwards lui répugne dès le premier regard, mais il la veut à tout prix. Et, dès lors, elle se retrouve écartelée entre Thadée et Edwards, entre l’idéaliste et le cynique, entre l’homme aux idées et l’ogre aux parfums.
Mon avis : La Vénus au Phacochère pourrait être le titre d’une fable. Une « Vénus », on sait tous que c’est une très jolie femme. C’est la déesse de l’amour… Un « phacochère », on le sait moins. C’est un bestiau de la famille des porcins particulièrement hideux et répugnant… Une Vénus et un phacochère, c’est une métaphore de la Belle et la Bête.« La Belle », bien sûr, c’est ici Alexandra Lamy, qui incarne la splendide Misia, égérie de l’intelligentsia de la Belle Epoque. Une Alexandra Lamy dans un registre où on ne l’attendait pas. Quant à la Bête, on la découvrira plus tard en la personne d’Alfred Edwards, dans la description qu’en fera Misia.
Mais ce qui ajoute à notre curiosité, c’est qu’Alexandra Lamy, seule en scène, tient simultanément les trois rôles. Une formidable performance d’actrice ! Très élégante dans sa tenue de scène noire, elle joue du geste et de la voix et cela suffit à nous faire comprendre qui s’exprime dans la lettre ou le télégramme qu’elle lit. Naturelle quand elle incarne Misia, elle monte un peu le ton lorsqu’elle campe Geai et adopte un timbre plus fort et grasseyant lorsqu’elle est Thadée. Au physique aussi, elle se transforme et se crée une gestuelle propre à chacun des trois protagonistes. Elle se livre ainsi à un exercice brillantissime, d’autant plus impressionnant qu’il n’y a aucun temps mort.
Mon intérêt pour cette histoire n’a fait qu’aller grandissant. Au fur et à mesure que le curseur se déportait vers la gravité, je me sentais de plus en plus captivé, littéralement happé par la fascinante et paradoxale aventure que vivait Misia. Gentiment intéressé au début, j’ai fini en extase. Nous avons assisté à un grand moment de théâtre. Bravo L’Artiste ! (Ah bon, le qualificatif a déjà été endossé par quelqu’un d’autre ? Pas de souci, je suis sûr que ce quelqu’un d’autre sera complètement ravi de le partager…)