La créolité, version caribéenne de l’afrocentricité, donne de l’élan aux ex-colonisés. Elle est leur âme et leur souffrance servies sur un plateau, elle est leur combat et leur identité, métisses nous sommes, créoles avant tout, ni africains, ni asiatiques mais tout à la fois, un nouvel être.
Un afrocentriste vous dirai :
« Nous devons nous ré-approprier nos noms africains d’origine. L’intérêt ? Imaginez un instant… Pouvez-vous penser à un blanc nommé Koffi ? Pourriez-vous imaginer ce même blanc habillé d’un pagne chaque jour et allant ainsi au bureau ? Il danserait le kete ou le mbalax ? Enfin imaginez que l’on vous insuffle qu’il faille totalement rejeter l’homme à la peau noire ? Se ré-approprier un nom africain ce n’est pas grand chose, vous pouvez même choisir celui de votre choix. C’est un début et ça marque le fait que vous ne vous abandonnez pas vous-même »
Quelqu’un empreint de créolité vous tiendrait peut-être les propos suivants :
« Je suis né dans l’esclavage. Ils ont fait de moi ce que je suis, ce que mes enfants seront. Alors je vivrai ainsi, je l’assumerai totalement et j’en ferais ma fierté. Ma couleur d’origine j’ai un peu gardé, issu de toutes les nationalités je suis, je représente l’avenir. Mon propre « moi » je vais trouver et avec celui-ci montrer le chemin aux autres, montrer la vérité »
C’était un des rêves de Senghor de voir un jour les antillais et les africains marcher ensemble. Est-ce que cela serait possible dans une société ou les uns vénèrent leur terre africaine et les autres ont intégré l’histoire de l’esclavage comme étant celle de leur venue au monde ? Peut-être uniquement si certains antillais cherchent eux aussi leurs racines ancestrales et accompagnent cette recherche d’un pardon total. Peut-être aussi si quelques africains enfin ouvrent les yeux sur les cultures créoles, comme cela ne se fait absolument pas pour l’instant ; peut-être si certains d’entre eux commencent à envisager des vacances sur les îles où les descendants des leurs sont venus au monde.
Entre créolité et afrocentricité, on constate un cri immense. C’est le hurlement d’un peuple à qui l’on a ôté quelque chose de valeur et une blessure encore purulente. Peu importe le temps passé et les hochements de tête de ceux qui ne comprendront pas, une cicatrice restera parfois pour toujours malgré les soins que vous pourrez lui apporter.
Chut… Que vous soyez afrocentriste ou créole… Chut… Faîtes le discrètement. Car il semblerait… Chut… Que vous seriez vite targué de communautarisme Et apparemment, le communautarisme… Chut… Le communautarisme ce n’est pas bon. Mais au fait, qui a inventé la notion de communautarisme ?