Les forêts brûlaient –
et eux
se nouaient les bras au cou
comme des bouquets de roses
les gens couraient aux abris –
il disait des cheveux de sa femme
qu’on pouvait s’y cacher
une couverture pour deux
ils chuchotaient des mots sans honte
litanie des amoureux
Quand tout allait très mal
ils plongeaient dans les yeux en face
avant de les serrer fort
très fort pour ne pas sentir le feu
qui déjà léchait les cils
jusqu’au bout courageux
jusqu’au bout fidèles
jusqu’au bout semblables
comme deux gouttes
arrêtées au bord du visage
***
Zbigniew Herbert (1924-1998) – Corde de lumière (Struna światła, 1956) - Traduit du polonais par Jacques Burko