Tous les vendredis, je laisse un moment de jeux libres à mes élèves à la fin de la journée. Certains bricolent (le luxe lorsqu’une boîte de mouchoirs est vide), d’autres jouent à un jeu, d’autres encore écrivent ou lisent en duo (oui, oui!!) et deux élèves s’amusent à l’ordinateur…
L’autre jour, sa façon d’enseigner a changé. Ma cocotte a installé les toutous du coin lecture par terre et elle s’est assise sur ma chaise berçante avec le livre « J’élève mon monstre », qui traînait sur mon bureau. Et elle a commencé :
- - Aujourd’hui, je vais vous lire « J’élève mon monstre ». L’auteure, c’est Élise Gr…Gr…Gravel.
Discrètement, je l’observais.
- - L’illustrateur, c’est… Ben, y’a qu’un seul nom. Ça veut dire que l’auteure et l’illustrateur, c’est la même personne. C'est Élise Gr..Gravel.
J’avais sérieusement l’impression d’être imitée. À chaque page, elle lisait le nom du monstre et le début du texte. Ensuite, elle se tannait et inventait la suite. À certains moments, elle avertissait même ses élèves turbulents.
- - Toi là, fais pas ça! Si tu continues, tu vas être en punition.
Bon, je n’ai jamais dit ça à un élève, mais j’imagine qu’on a tous nos façons de demander le silence…
Tout à coup, elle s’est levée, a pris le toutou grenouille par la patte et est venue me trouver pour me demander de le surveiller.
- Il dérange pendant l’histoire, m’a-t-elle dit.- Ah! oui? Qu’est-ce qu’il a fait?- Il a dit que les illustrations étaient pas belles!
Une chance qu’elle n’a pas à évaluer « Apprécier des œuvres littéraires »!