C’est ma maman (et oui, les pommes tombent jamais loin des arbres) qui m’a conseillé cette lecture et je ne regrette absolument pas. Le fantastique dans ce roman est traité d’une manière complètement inédite pour moi et m’a beaucoup convaincue. On y entre progressivement, et l’on comprend que seuls les Mages et créatures magiques peuvent accéder à ce second niveau de réalité, ce second niveau de perception où la Magie s’exerce, et qu’ils appellent la Pénombre. Les scènes qui jouent avec ces différents niveaux de réalités parallèles sont donc fascinantes: les démons notamment, s’ils peuvent travestir leur apparence aux yeux des humains, reprennent leurs traits démoniaques dans la Pénombre, ce qui donne lieu à de surprenantes métamorphoses. Mais là où ce roman est le plus novateur, c’est sur l’enjeu politique que devient le monde Magique. En effet, après des siècles de luttes entre le Bien et le Mal, un Traité a été signé pour équilibrer les forces: un acte en faveur du Bien donne droit à un acte en faveur du Mal, et rien n’est autorisé en dehors de ce cadre, pour préserver l’équilibre. Chaque camp a donc son chef, ses différents bureaux et domaines de gestion et bien sûr, sa milice pour veiller à ce que ces règles soient respectées: les sentinelles de la Nuit ont donc fait le choix de surveiller les Obscurs. A la lutte entre le Bien et le Mal et à la place que chaque individu éclairé ou puissant peut prendre dans cette lutte viennent s’ajouter d’obscures manipulations politiques afin de coiffer au poteau l’autre camp dans ce qui ressemble beaucoup à une guerre froide, dans laquelle les questions d’Anton se multiplient: obéir ou agir? Quand on a la possibilité de combattre le Mal, doit-on vraiment respecter les consignes?
La note de Mélu:
Un roman surprenant de gravité pour le sujet dont il traite.
Un mot sur l’auteur: Serguei Loukianenko (né en 1968) est un écrivain russe, médecin de formation. Ce livre est le premier d’une penthalogie achevée en 2007.