La légende sur Wiki.
Lupano – Moreau © Guy Delcourt productions – 2012
1814, au large des côtes d’Hartlepool (petite bourgade anglaise), un navire français est pris dans une tempête. Quelques heures plus tard, les débris de l’épave sont déposés par le ressac sur la plage d’Hartlepool.
Au milieu des décombres, la mascotte du navire – un singe – est l’unique rescapé du naufrage. Étant donné que ce dernier est vêtu d’un uniforme de l’armée napoléonienne, les habitants de Hartlepool prennent pour un Français. Surpris par la bestialité des réactions de l’énergumène, les indigènes décident de le lyncher. Quelques voix avisées raisonnent les esprits… avant de le tuer, il est préférable de lui soutirer des informations sur les stratégies militaires de Napoléon. Il est plus plus pertinent d’organiser son procès et de lui de lui soutirer des informations à cette occasion…
-
Dès le quatrième de couverture, le lecteur est sensibilisé au fait que ce récit trouve son origine dans une légende du nord de l’Angleterre. Intimement, je caresse l’espoir que cette farce en soit restée au stade de la légende urbaine. Malheureusement, connaissant un peu l’espèce humaine et sa propension à la stupidité et la cruauté…
« - Ah ? Vous avez été marchand d’esclaves ? Vous ne me l’aviez pas dit.
- C’est parce que je préfère ne plus en parler.
- Des regrets ?
- Boaf ! Sur la fin, on n’y gagnait plus autant sa vie qu’avant ! Ces satanés humanistes, toujours à nous empêcher de travailler, à nous coller des Droits de l’Homme partout, y compris chez les nègres ! Croyez-moi, on ne mesure pas encore le mal que le soi-disant siècle des Lumières a fait à l’idée de grandeur nationale ».
Wilfrid Lupano va droit au but. Dans une courte partie introductive se déroulant sur le bateau (avant le naufrage), nous nous habituons peu à peu à l’idée de côtoyer des avons déjà tout loisir de nous familiariser aux conceptions étriquées des protagonistes. Racisme, clichés, méconnaissance de l’autre, peur de l’étranger… voici les principaux ingrédients sur lesquels se construit le scénario de Wilfrid Lupano (Alim le tanneur). L’auteur utilise habillement quelques personnages secondaires (des enfants) pour faire figurer son positionnement à l’égard de ces courants de pensée rétrogrades ; sans tomber dans le jugement de valeur, il place quelques petits pics humoristiques dont le lecteur se saisit avec plaisir. Contre toutes attentes et malgré la teneur de l’orientation narrative, je trouve que le scénariste est parvenu à éviter l’écueil du jugement de valeur. Il a su exploiter la présence de certains personnages secondaires – un petit groupe d’enfants – pour diffuser innocemment quelque critiques innocentes (en apparence) sur la manière dont la situation est gérée. Un petit décalage à la fois ironique et salvateur sur la question.
Lupano – Moreau © Guy Delcourt productions – 2012
Jérémie Moreau quant à lui réalise ici son premier album. Au dessin comme à la couleur, il crée une ambiance qui épouse parfaitement le scénario. Durant les passages muets, le récit conserve cohérence et fluidité. Son trait m’a semblé spontané et soucieux du détail. Le dessinateur a créé des « gueules » très expressives et que l’on investit facilement. On a l’impression que certaines mimiques ont été prises sur le vif (comme une photo), ce qui rend la lecture très vivante. Le tout contribue à asseoir l’ambiance générale. A vrai dire, j’étais plutôt étonnée de constater que l’auteur n’avait jamais publié tant… c’est fluide et impeccable. L’agencement des planches donne une bonne dynamique au récit.
Une lecture commune faite en compagnie de Jérôme, Badelel et Lunch. Je vous invite à lire leurs chroniques !!
Les chroniques d’Yvan, Noukette et Mango.
Du côté des Challenges :
Petit Bac 2013 / Animal : singe
Histoire : la légende du singe de Hartepool
Le singe de Hartlepool
One shot
Editeur : Delcourt
Collection : Mirages
Dessinateur : Jérémie MOREAU
Scénariste : Wilfrid LUPANO
Dépôt légal : septembre 2012
ISBN : 978-2-7560-2812-5
Bulles bulles bulles…
Ce diaporama nécessite JavaScript.