Afro-bresiliennes contre une marque de cheveux avec des mannequins portant des perruques crepues

La campagne publicitaire Cadiveu au Brésil vente les mérites d’une chevelure non crépue. La pancarte : « J’ai vraiment besoin de Cadiveu »

La beauté que recherche les médias et industriels brésiliens est loin d’être celle des femmes noires. Quelques fois insultées de « macaca » (singe), « nega maluca » (femme noire folle), « cabelo duro » (cheveux crépus, drus), souvent mises de côté, la société brésilienne tend à faire oublier l’existence même des populations à la peau foncée.

La marque Cadiveu, uniquement connue en Europe pour ses produits de lissages brésiliens, surfe depuis quelques temps au Brésil sur la vague du naturel. Une campagne publicitaire a été lancée incluant des figurants aux cheveux qui ont tout sauf le naturel puisqu’ils portent tous des perruques, énormes de surcroit. Les photos de cette publicité, placardées dans les villes avec le slogan « J’ai besoin de Cadiveu » voulaient quelque part dire que ce type de cheveu n’était pas digne d’être et qu’il fallait aussitôt y remédier. En gros, bannissez le cheveu crépu, il n’est pas joli à voir.

Aussitôt les afro-brésiliennes et plus particulièrement les « nappy » d’entre elles montèrent au créneau. Elles postèrent à leur tour des photos de ces femmes contemporaines qui portent leurs cheveux crépus fièrement avec ces mots : « Je n’ai pas besoin de Cadiveu ».

Traduction de cette contre-publicité : « Je suis noire, j’ai des cheveux crépus, je suis belle, je n’ai pas besoin de Cadiveu »

Je me souviens étant jeune aller à l’école avec mon petit TWA (petit afro). Ma mère ne savait pas coiffer ces cheveux, elle ne savait que les couper courts. Mes soeurs et moi avions honte. Mon professeur elle-même se moquait de moi devant toute la classe et disait que j’avais un plat de spaghettis sur la tête. Pour cette campagne publicitaire Cadiveu utilise aussi des fillettes portant des perruques et arborant le slogan « J’ai besoin de Cadiveu ». Qu’en sera-t-il de ces petites afro-brésiliennes à qui l’on inculquera encore que leurs cheveux sont les mauvais de la pioche ?

Le mouvement de ces femmes crépues invita toutes leurs lectrices à envoyer les photos de leurs afros qu’elles transmettèrent à leur tour sur la page Facebook Cadiveu. On pouvait lire de personnes même non affiliées à leur cause, des affirmations de racisme avéré dans cette campagne. La polémique est encore en cours.

Les afro-brésiliennes qui luttent encore actuellement contre cette publicité devraient remercier Cadiveu. Cette marque a permis de mettre en avant l’impartialité des industriels, le fait que le modèle de beauté imposé est encore et toujours le modèle caucasien. Ce modèle ne serait pas un problème en soit si il n’était pas présenté comme la seule perfection, celle aux cheveux raides.

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Source : meninasblackpower.blogspot.com