Décidément, la franchise initiée par Tobe Hooper dans les années 70 n’en finit plus de faire des petits. Après deux suites, une préquelle/remake, un remake officiel et sa préquelle, voilà que débarque un nouvel opus dont l’ambition affichée est ni plus ni moins que de reprendre la suite directe du film original en faisant table rase de tous les autres films (à l’image du Superman Returns de Bryan Singer). Après tout, pourquoi pas, c’est déjà une idée plus originale qu’un bête remake de plus…
Massacre à la Tronçonneuse 3D débute donc par une succession d’images du classique de Hooper, détaillant les morts des divers protagonistes, jusqu’à l’évasion de Sally (Marylin Burns). Le film enchaîne ensuite directement, avec le sauvetage de la rescapée et l’arrivée d’un flic sur place, qui demande aux Sawyer de lui livrer Leatherface pour l’incarcérer. Malheureusement pour lui, les bouseux du coin ont une autre idée en tête et une petite armée rapplique, bien décidée à faire justice eux-mêmes. S’ensuit une fusillade dans laquelle toute la famille Sawyer périt, à l’exception d’un bébé, recueilli par un des couples de vigilante. Une vingtaine d’années plus tard, le bébé en question, prénommé Heather, a bien grandi, et découvre avec stupeur ses origines lorsque sa grand-mère décède et lui lègue sa propriété.
Ce qui frappe immédiatement au visionnage de ce nouveau film, c’est que le réalisateur John Luessenhop doit très certainement être un grand fan de Rob Zombie. L’intro du film est décalquée sur celle de The Devil’s Rejects, et l’intrigue générale suit largement celle d’Halloween 2, avec l’héroïne découvrant son lien de parenté avec Leatherface et perdant peu à peu la raison. Le réalisateur tente aussi de rendre son psychopathe attachant comparé aux méchants rednecks de la ville, à l’instar des Firefly dans la suite de La Maison aux 1000 Morts. Malheureusement, Luessenhop n’est pas Rob Zombie, et Massacre à la Tronçonneuse 3D se vautre dans les grandes largeurs dans à peu près tout ce qu’il entreprend. Au niveau du scénario tout d’abord, qui multiplie les incohérences, qu’elles soient temporelles (l’héroïne est censée avoir une vingtaine d’années, ce qui place le film dans les années 90, mais tous les personnages se promènent avec des smartphones ultra modernes…) ou psychologiques (les personnages sont cons comme leurs pieds). Le pire reste le revirement psychologique de l’héroïne qui passe en quelques heures de victime terrifiée parce que Leatherface a massacré ses potes à « grande sœur » psychopathe qui protège le grand dadais à la tronçonneuse.
Mais surtout, Luessenhop est absolument incapable d’instaurer une ambiance effrayante à son film. A vrai dire, c’est même tout le contraire, et une fois Leatherface libéré de la cave dans laquelle il était enfermé (certainement depuis plusieurs semaines, mais cela ne l’empêche pas d’être frais comme un gardon), le film tourne au nanar hilarant. Que l’héroïne, poursuivie par Leatherface, s’échappe en courant de la maison, et se vautre sur les escaliers, cela peut passer pour une tentative de faire monter le suspense. Mais que vingt secondes plus tard elle se mange en sautant par-dessus une barrière de 30cm de haut, cela fait plutôt penser à du Scary Movie. Surtout quand cette cruche ne trouve rien de mieux que de s’enfermer dans le premier cercueil ouvert qu’elle croise pour échapper au tueur, alors qu’elle aurait pu se planquer dans la forêt toute proche !
Et Massacre à la Tronçonneuse 3D d’enchaîner les scènes similaires comme autant de perles, devant un public médusé et souvent hilare. Les héros foncent en van dans le portail de la propriété pour s’échapper et s’écrasent lamentablement (avant que ledit portail ne s’ouvre automatiquement). L’héroïne se retrouve poursuivie dans une fête foraine par Leatherface qui ne trouve rien de mieux que d’effrayer un type déguisé en Jigsaw (rire, autodérision de la part de Lionsgate) sans faire aucune victime. Un flic crétin seul sur le lieu du crime décide de suivre une trainée de sang dans la « cave-qui-fait-peur » malgré les imprécations du shérif, avant de se faire défoncer la gueule par Leatherface. L’héroïne, qui vient de découvrir ses liens de parenté avec Leatherface et a été enlevée par le fils du maire pourri de la ville qui veut la tuer parce qu’elle en sait trop (oui, faut suivre) roule des yeux et joue à la psychopathe en déclarant très fière « je suis une Sawyer ». Et enfin le gentil shérif laisse Leatherface et l’héroïne partir joyeusement main dans la main alors que le premier a massacré une dizaine de personnes, et que la seconde a viré psychopathe…
C’est ce qu’on appelle un film de merde, mais c’est aussi un des nanars les plus jouissifs à avoir gagné les écrans de ciné depuis longtemps. Et rien que pour la bonne tranche de rigolade, le prix du ticket vaut (presque) le coup.
Note: 3/10
Note nanar: 8/10
USA, 2013
Réalisation : John Luessenhop
Scénario : Adam Marcus, Debra Sullivan, Kirsten Elms
Avec: Alexandra Daddario, Dan Yeager, Trey Songz, Scott Eastwood, Tania Raymonde, Shaun Sipos