C’est en tout cas ce qu’une étude récente de chercheurs allemands (Université de Jena) démontrerait : exprimer sa mauvaise humeur serait un excellent moyen de combattre le stress et l’hypertension artérielle. De plus, il s’agirait de le faire à voix haute.
Donc terminé le ruminage entre nos pauvres dents : pour espérer vivre vieux, il faut râler haut et fort !
Et bien qu’il en soit ainsi !
Force est de constater qu’il est assez facile d’adhérer aux résultats de cette étude menée sur près de 6 000 personnes : on a tous dans notre entourage au moins un grincheux certes pathogène, mais dans une forme éblouissante.
Sans pour autant glorifier ce mode de communication, je lui reconnais néanmoins deux très grandes vertus :
celle de combattre le non-dit
C’est en effet un des moyens les plus simple d’extérioriser ses sentiments négatifs, de s’y confronter sans apparats – et d’y confronter l’autre – et de ne pas les traîner pendant ces fameux cent sept ans … ces non-dits.
Certains choisissent le confinement d’un journal intime qui, comme le sous tend son nom, ne tombera jamais sous l’œil d’un autre.
Je l’accorde : c’est déjà énorme de le faire, de placer des mots noir sur blanc sur ses colères. C’est sans nul doute une extériorisation, et elle ne peut être que bénéfique.
Mais n’est-il pas indiciblement plaisant parfois de « partager » en temps réel cette petite rage qui nous aiguillonne?
Les émotions ne se gèrent pas toutes en différé, certaines méritent la sanction du direct et le vote du jury … comme à la Star Ac’ ou pour Danse avec les Stars.
On sait depuis longtemps qu’il n’est pas toujours bon de se taire, que certaines choses doivent « sortir » pour que l’on se sentent « mieux ».
Si cela contribue en sus à entretenir nos artères en nous apprenant au passage à mieux gérer notre stress, pourquoi hésiter plus longtemps !
et celle de lutter contre l’accumulation
Pour vivre vieux, faut voyager léger… c’est du moins mon avis.
Le reflexe, pour certains, est ancien : cela ne se fait pas d’exploser, de bougonner…ce n’est pas poli. Qui n’a pas entendu l’expression « tourne ta langue sept fois dans ta bouche », et sa cousine « mets ton mouchoirs par-dessus » ?
A ne pas râler, on accumule.
La bienséance n’a pas que de bon côtés, ni toujours de jolis effets secondaires. Elle peut conduire à des accumulations de rancœurs, de petites blessures, qui s’entassent dans les tiroirs de notre mémoire jusqu’au moment fatidique ou seules deux solutions demeurent.
La première est du type « Festen »
Une explosion thermodynamique, par exemple en pleine réunion familiale, où s’étale dans un désordre qui n’a d’équivalent que la rage qui nous submerge l’intégralité du contenu des tiroirs.
Et là, l’audience subjuguée par ce tsunami, peinant à faire le tri dans ce déluge comptable à l’historique sans fin, ne comprend rien de ce qui arrive là, subitement. Elle hésite entre le sourire gêné, et l’envie de nous attraper par le col et nous secouer. Beaucoup d’énergie dépensée pour un résultat souvent plus qu’équivoque…
La deuxième est du type « Ballast »
On ingurgite, on entasse, on minimise pour tout bien ranger dans des boites – elles-mêmes placées dans des cartons que l’on range dans des tiroirs. On prend l’eau de l’intérieur, devenant plus lourd au fur et à mesure. Et comme on garde la bouche bien fermée, rien ne sort – çà il n’y a pas de risque – mais on devient de plus en plus lourd. Finalement, peinant à avancer ou n’ayant plus l’énergie de garder la tête hors de l’eau : on coule. Là, on peut se demander si l’énergie que l’on a dépensée à accumuler n’aurait pas été plus utile à nous aider à flotter ?
A choisir, même si cela demande un peu d’entrainement au début, « exploser en direct live » a du bon. Il n’est pas faux toutefois que certains sujets mériteront un léger différé mais qu’importe : l’important est d’éviter au maximum l’effet cocotte minute et d’exprimer ce que l’on ressent…
Et puis flute, autant être honnête : cela fait vraiment du bien de râler une fois de temps en temps !
Source Journal Health Psychologies via Scoop It!
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