Le dilemme des produits forestiers ligneux

Publié le 17 janvier 2013 par Kafando @KAFANDORAPHAEL

Les produits forestiers ligneux au Burkina constituent le domaine dominant de la foresterie en termes de revenus générés et d’emplois. Ce sous- domaine contribue à la formation du PIB à concurrence de 5,88%. Cette estimation est basée sur la mesure des revenus versés aux acteurs de la filière bois-énergie (en amont comme en aval), aux producteurs de bois d’œuvre et de service, aux acteurs de la production pépinière ainsi que de la production d’objets d’art en bois. L’exploitation du bois à des fins énergétiques domine l’ensemble des activités forestières. Cette activité contribue à hauteur de 5,66% au PIB, soit 209 milliards de F CFA et représente plus de 85% de la contribution de l’activité sylvicole.

Ce sous-domaine est suivi de la production pépinière qui contribue à hauteur de 7,26 milliards de F CFA. Elle constitue le pilier de la politique de reboisement au niveau national. Ce secteur regroupe un nombre important d’acteurs allant en amont comme en aval de la filière de gestion forestière avec une production de semences forestières évaluée à 4,54 tonnes en 2008 dont 3,45 tonnes diffusées en 2008.

La production de bois d’œuvre et de service contribue pour 1,01 milliard de F CFA. Les statuettes et objets d’ornement et autres articles d’ameublement en bois marqueté se chiffre à 16,75 millions de F CFA en termes d’apport. La contribution de ce sous-secteur traduit également l’apport de la ressource ligneuse dans le domaine culturel et de l’artisanat d’art.

L’énergie ligneuse (bois de chauffe et charbon de bois) est importante en termes de contribution à l’emploi et aux revenus ruraux et joue donc un rôle majeur en termes de lutte contre la pauvreté. Elle a permis de distribuer en 2008 plus de 209 milliards de F CFA aux différents acteurs de la filière et des recettes aux pouvoirs publics. Les pouvoirs publics et les collectivités décentralisées auraient reçu 3,8 milliards de F CFA sous forme de taxes forestières et de taxes communales dont 119 millions de F CFA pour la taxe communale en 2008.

La valeur totale du bien-être des populations rurales résultant de la production autoconsommée du bois-énergie est estimée à environ 87 milliards de F CFA.

Le revenu destiné aux exploitants locaux de la ressource toutes catégories confondues (bûcherons et charbonniers des zones forestières aménagées et non aménagées) est évalué à 37,5 milliards de FCFA. Les transporteurs et les détaillants de la ressource s’accaparent 62,2 milliards de F CFA dont 23,3 milliards de F CFA pour les détaillants. Les autres acteurs, les fendeurs de bois, les chargeurs de bois, les apprentis chauffeurs et chauffeurs reçoivent ensemble 13,6 milliards de F CFA. Au plan national, le nombre d’acteurs de cette filière est fortement sous-estimé et évalué à seulement 81 000 emplois par le ministère en charge de l’Evironnement en 2005.

L’énergie ligneuse (bois de chauffe et charbon de bois) contribue à hauteur de 74,94% au bilan énergétique global de 2008 et à hauteur de 94,79% à la consommation énergétique totale des ménages. Ce fait démontre la précarité de la situation du pays au plan énergétique et rappelle la nécessité de programmes d’investissement afin de limiter la dépendance du pays envers l’énergie ligneuse.

En effet, vu l’importance de la contribution de cette activité au bien-être des populations rurales, on pourrait dire que cette filière pose des questions complexes.

Du point de vue de la diminution de la pollution de l’air intérieur et de la déforestation, elle devrait être limitée alors qu’elle constitue une source de revenus importante pour les plus pauvres et a donc un impact direct sur la réduction de la pauvreté.

En rappel, cette dernière constitue de par la déforestation et la pollution de l’air intérieur, un problème environnemental majeur du Burkina Faso.

Raphaël KAFANDO