Alors que la flamme Olympique passe aujourd’hui à Paris dans une bulle de sécurité digne de celle d’un chef d’Etat, voilà une initiative intéressante lancée par PlayFair 2008 et soutenue par une alliance mondiale de syndicats, d’organisations non gouvernementales (ONG), de groupes de travail et d’individus intéressés qui oeuvrent ensemble pour attirer l’attention sur les mauvais traitements et l’exploitation des ouvriers de l’industrie marchande des Jeux olympiques à Pékin (2008), Vancouver (hiver 2010) et Londres (2012).
Loin d’être une opération de boycott, il s’agit de faire pression sur les fabricants de vêtements et chaussures de sport, sur le Comité international olympique (CIO), sur les Comités d’organisation des Jeux olympiques (COJO), sur les Comités Nationaux Olympiques (CNO) et sur les gouvernements nationaux pour leur faire prendre des mesures identifiables et concrètes en vue d’éliminer l’exploitation et l’abus affectant les travailleurs de l’industrie mondiale des articles de sport
En utilisant les prochains Jeux olympiques comme moyen d’attirer l’attention sur les conditions de travail des ouvriers dans l’industrie mondiale de l’habillement et des vêtements et chaussures de sport (pas seulement celles des ouvriers qui produisent des marchandises en Chine pour les Jeux olympiques, mais celles de tous les ouvriers, partout dans le monde, dont les droits fondamentaux sont bafoués et qui sont forcés d’accepter un travail abusif, sous-payé et souvent peu sûr) il s’agit, à court terme, de de faire passer un message au COI dans la foulée des Jeux olympiques à Pékin, qui énonce clairement les responsabilités des organisateurs et les actions qu’ils peuvent entamer pour garantir des conditions de travail humaines et justes aux ouvriers qui produisent les marchandises olympiques.
Ce message inclura les noms de tous ceux qui ont apporté leur soutien au relais “Attrapez la flamme” et leurs expériences personnelles. L’objectif, à plus long terme, est d’avoir un effet positif sur tous les futurs Jeux olympiques, en persuadant le COI d’accepter comme condition pour les pays hôtes, qu’ils aient ratifié et qu’ils mettent en application les conventions de l’OIT (Organisation internationale du travail) sur le travail décent et juste. Fair Play souhaite que le COI attribue des contrats uniquement aux fournisseurs qui appliquent les recommandations fondamentales de l’OIT.
Notons qu’en 1892, lorsque Pierre de Coubertin proposa la création des Jeux olympiques, il ne s’agissait pas d’une affaire de milliards de dollars. Or le COI a rassemblé quelque 11 sponsors internationaux qui leur ont déjà payé près de 900 millions de dollars dans la période précédant les Jeux olympiques de Pékin. On estime que les seules ventes de mascottes des Jeux de Pékin rapportera plus de 300 millions de dollars de bénéfice, presque 35% de plus que le bénéfice de l’ensemble des Jeux olympiques de Los Angeles. Un fabricant allemand d’articles de sport a payé comptant près de 100 millions de dollars uniquement pour obtenir sa part de parrainage des Jeux olympiques de Pékin. Une grande partie de ce bénéfice est rendu possible par l’exploitation des ouvriers qui produisent les marchandises estampillées au logo olympique. Sans parler du travail des prisonniers…
PlayFair 2008 est organisé par la Confédération syndicale internationale (CSI), la Campagne Vêtements Propres et la Fédération internationale des travailleurs du textile, de l’habillement et du cuir (FITTHC). Ses objectifs ont d’ores et déjà été portés à la connaissance du COI en 2003, pour la première fois. Toutefois, ils n’ont pris aucune mesure pour enrayer ce problème et continuent à dire qu’ils n’ont ni la puissance, ni la responsabilité pour le faire… En tant qu’organisme qui attribue les contrats, le COI peut faire la plus grande différence, dans le temps le plus court non?
Enfin, à noter ce matin: cette pique d’Hervé le Tellier dans la Check List du Monde:-)
“Il faut respecter la flamme olympique, qui est un symbole”, dit Laporte. Apprenons à respecter tous les symboles : la brosse à reluire, la serpillière et le paillasson…
Cette affirmation de Jaurés aussi (merci Cat!), à méditer quelque peu…
“Ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force”
Aller plus loin: le communiqué de presse de Play Fair (pdf en anglais) et le site Catch The Flame!