#Chronique : Don Quichotte du Trocadéro de Jose Montalvo #Danse

Publié le 17 janvier 2013 par Notsoblonde @BlogDeLaBlonde

Vendredi soir dernier, première de Don Quichotte du Trocadéro, à Chaillot.

J'y allais pleine d'entrain avec l'assurance d'en revenir satisfaite parce que le style que défend Jose Montalvo, j'y adhère complètement : Cette volonté de décloisonner les disciplines artistiques en brassant allègrement danse, théâtre, projections me parle depuis toujours. Le fait qu'il ajoute à cela une touche de burlesque dans ce nouveau spectacle n'avait réussi qu'à amplifier mon impatience...

Un peu angoissée aussi parce que, comme à chaque fois que je me rends au théâtre de Chaillot, je réserve une place parmi la catégorie la moins chère, bénéficiant de l'absence de certains spectateurs au début du programme pour pouvoir changer de place et en occuper une autre beaucoup mieux située. Je les appelle mes "places derrière le poteau" étant donné qu'elle sont à visibilité réduite mais si tu connais un peu la salle Jean Vilar tu sais bien qu'il n'y a pas de poteau. Elles sont juste situées très latéralement ce qui ne permet pas de jouir du meilleur point de vue de la salle, clairement. Mais elles sont franchement bon marché étant donné que pour un prix inférieur à celui d'une place de ciné tu peux assister à une spectacle vivant d'une qualité exceptionnelle dans un endroit merveilleux. 

Jusque là, ma stratégie du "je réserve une place dans la pire catégorie, je bougerai après" a toujours fonctionné. TOUJOURS.

Mais ce soir là, non. Bon. Ca m'apprendra. Ca tient sans doute au fait qu'il s'agissait d'une première et que les absents étaient moins nombreux qu'à l'accoutumée, ça tient aussi un peu à ce que j'étais absorbée dans la lecture du document de présentation du spectacle quand les hôtesses ont procédé à la distribution des places vacantes. Quoiqu'il en soit le résultat est là : j'ai passé la totalité du spectacle assise dans un coin.

En guise de scène d'ouverture, c'est à une projection vidéo que l'on assiste : un homme déambule sur les quais du métro, juché sur son cheval. Cet homme c'est Patrice Thibaud, comédien-mime désopilant qui incarne le Don quichotte qui sera le fil conducteur de l'aventure.

Jouant parfois le candide, semblant découvrir la danse pour la première fois et s'interroger beaucoup (et bien sûr à haute voix) sur cette discipline étrange (interrogation propice à de nombreux éclats de rire) puis changeant d'humeur et se mettant à diriger, voire défier, les danseurs, il crée un décalage quasi-permanent, ne faisant pas oublier la qualité des performances mais ajoutant à l'ambiance une légèreté qu'on n'a pas coutume de cotoyer dans ce cadre là. 

Jose Montalvo mixe les ambiances et propose un voyage à travers le monde de la danse, depuis le Bronx jusqu'à l'opéra Garnier en passant par l'Afrique et Broadway. On aime le mélange des genres proposé, ravi d'assister à un numéro de claquettes qui frise la perfection, à une séquence flamenco inattendue autant qu'à une démonstration de hip-hop ou aux petits pas d'une ballerine (j'aime l'idée de voir un effet comique soigneusement pensé dans la séquence pendant laquelle Patrice Thibaud commente l'évolution d'une ballerine, autour de lui, ne semblant avoir à sa disposition que ce mot pour la décrire car il fait écho, phonétiquement, au nom de l'auteur du ballet historique Don Quichotte (de Marius Petipa)).

Une petite vidéo de présentation des artistes me parait convenir pour présenter la diversité des talents réunis sur scène dans ce spectacle:


Coulisses de la création de "Don Quichotte du... par Theatre_de_Chaillot

Les projections permettent de dérouler les séquences d'un bout à l'autre de la représentation, proposant des transitions oniriques qui ont toutes pour point de départ une scène "classique" du trajet parisien quotidien souterrain : de la rencontre avec une bande d'ados surexcités, au couple d'amoureux croisé en passant par les panneaux publicitaires dont la variété n'a pour limite que celle de l'imagination fertile de nos publicitaires les plus inspirés, Jose Montalvo semble jouer avec l'art et le quotidien, s'amuser à faire tomber les barrières, avec une dextérité épatante.

Bien entendu, ce spectacle a pour défaut le pendant de sa principale qualité : à force de mélanger les genres et les inspirations sans retenue, les scènes perdent un peu en lisibilité parfois. Mais ça n'affecte en rien le plaisir qu'on a d'être là, spectateur de la concrétisation d'une ode à la danse sous toutes ses formes, sans niveau exigé ni physique imposé.

C'est qu'il joue aussi un rôle décomplexant notre Don Quichotte! Singeant les pas des danseurs professionnels, il rayonne d'une joie communicative et nous bouscule parfois un peu.

Véritable antidote à la morosité ambiante, ce Don Quichotte du Trocadéro semble reprendre les mots de Nietzsche "et que l'on estime perdue toute journée où l'on n'aura pas dansé". Au milieu du décor le plus urbain, de la routine la plus lénifiante -celle du métro parisien- Jose Montalvo installe sa création désopilante qui bouscule les codes pour nous offrir un feu d'artifice d'émotions, où le grotesque cotoie la perfection du geste, où le rire est interrompu par la beauté d'une séquence chorégraphiée. Et par les temps qui courent, c'est si bon de se laisser chavirer par ce bouquet d'émotions contrastées qu'il serait dommage de s'en priver.

Le spectacle est à retrouver au théâtre national de Chaillot jusqu'au 8 février 2013.

Puisque la tradition ici est de terminer sur des morceaux d'artistes que j'apprécie, je m'en vais te proposer deux titres:

1. "Sur toute la ligne", d'Alex Beaupain qui relate aussi un trajet en métro (mais dans un autre registre)(si tu ne connais pas le morceau je te laisse la surprise de le découvrir). Au passage j'en profit pour glisser qu'Alex Beaupain a une actualité puisque son nouveau single est sorti hier, accompagné d'un clip que tu peux retrouver ici...

2. "Ticky Ticky" de Owlle, qui, pour son premier clip, a elle aussi choisi de mélanger les danses (pour mon plus grand plaisir)(et pour le tien, tu vas bientôt le découvrir si toutefois tu avais manqué cette jolie vidéo)

XO