http://m.youtube.com/#/watch?v=GKCJgDCA5Bo
Aujourd'hui, j'ai commencé la journée de façon magnifique, avec 2 min 30 de bonheur radieux. C'est-à-dire en écoutant, en découvrant, cette nouvelle pépite de la fadista Ana Moura. La certitude de prendre acte et sentiment, pour la première fois, de ce qui va devenir à n'en point douter un grand classique. Eh oui, cette brève chanson est un chef d'oeuvre, ciselé à la perfection en termes de paroles, de mélodie, d'interprétation et d'arrangements. D'accord, on s'éloigne de la matrice académique du fado - le tout est rythmé au son d'une batterie énergique et d'une pluie de claps de mains - mais on est dans la pure tradition de la chanson populaire festive, comme Amália et António Variações l'avaient également pratiquée. Et franchement avec le parcoura extraordinaire qui est le sien depuis ces dernières années, Ana Moura peut se permettre de voler vers les cieux qui lui font envie - du moment qu'elle reste fidèle à elle-même. Cela dit, écoutez les paroles et, si vous comprenez le portugais, vous vous rendrez compte du propos semi-ironique et auto-critique de la chanson. Une façon de pointer de la voix le tiraillement exacerbé à l'oeuvre dans l'âme lusitanienne. Par ailleurs, la chanson "Desfado" est aussi peut-être un moment pensif et interrogateur de la part d'Ana Moura par rapport à son succès fulgurant au niveau mondial?
"...Ai que desgraça esta sorte que me assiste
Ai mas que sorte eu viver tão desgraçada...
...Sentir-me triste
Só por me sentir tão bem
E alegre sentir-me bem
Só por eu andar tão triste..."
Antonio Variações lui aussi chantait:
Só estou bem onde não estou
Só quero ir onde não vou
Décidément, on n'est jamais à l'abri d'une très bonne surprise!