Au Canada, à Moncton, une institutrice a décidé de donner ses cours sur YouTube et de consacrer le temps de classe à faire les devoirs. Une méthode destinée à aider les élèves les plus en difficulté.
"Bonjour, ici Madame Annick". Celle qui s’exprime ainsi sur une vidéo YouTube avec un joli accent canadien n’est pas une animatrice de la télé, mais professeure de maths, d’histoire et d’anglais dans une école publique, l’école Le Mascaret à Moncton, à l’extrême sud-est du Canada.
Annick Arsenault Carter, 41 ans, adresse ses leçons (environ 10 minutes) sur les probabilités, les diagrammes circulaires ou les décimales à ses élèves de 7e (11-12 ans). Comme elle le ferait en classe, mais justement, elle ne le fait pas en classe. Et ça change tout.
Depuis le printemps 2012, la professeure a décidé de mettre ses élèves à l’heure de la "classe inversée". La quoi ? La flipped classroom en anglais est une nouvelle méthode qui consiste, donc, à consacrer le temps de la classe non pas à réciter un cours, mais à accompagner les élèves ayant déjà entendu (et compris) la leçon.
Voici un exemple:
Mine de rien, c’est une petite révolution dans cette classe pas facile (la moitié des élèves se trouvent en difficulté) :
"Au départ, j’avais envie d’aider mes élèves qui peinaient le plus à avancer, avant de réaliser que la méthode pouvait aider tout le monde", explique la professeure. Car la classe inversée
présente deux atouts pédagogiques énormes : d’abord, elle permet aux écoliers les moins rapides de réécouter la leçon autant de fois qu’ils le souhaitent, sans avoir à faire répéter la
maîtresse. "Mais surtout, cela me dégage du temps pour accompagner chacun à son rythme."
Auparavant, les plus rapides s’ennuyaient en classe pendant qu’elle répétait les choses pour les autres ("Ils me disaient : 'C’est plate [barbant] d’attendre !'"). Désormais, ils sont placés en petits groupes et se mettent illico aux exercices, avec une marge de manoeuvre pour progresser qu'ils n’avaient pas. Ceux qui ont plus de difficultés peuvent prendre le temps de bien tout saisir avec l’enseignante. Mais comment repérer ceux qui, depuis leur chambre à coucher, ont tranquillement séché ses cours ? "Je leur pose toujours une question ou leur demande de faire un petit travail à la fin de la vidéo. Ceux qui n’ont pas travaillé sont vite démasqués", sourit Annick Arsenault Carter.
"Au-delà de ça, je peux vous dire que la confiance des élèves les plus fragiles a été énormément renforcée par cette méthode. Ils ne craignent plus d’oser me
demander des informations, ce qui les fait avancer."
source: Nouvel Obs Education