Le mariage pour tous. Voilà un sujet qui ne m'intéresse pas. Le mariage, tout court, n'est certes pas mon thème de prédilection. Les pires difficultés... je vous assure... pour imaginer ça comme revendication. En fin de repas, alors d'accord ! au moment de la digestion, je veux bien, mais pas au moment de l'apéro, pas à jeun... pire encore... Imagine-t-on une meute de loups affamés enfin trouver la trace d'un caribou (c'est tombé sur lui) arrêter la chasse et préférer débattre de la couleur du pelage des uns et des autres ? Pour le caribou, c'est cadeau ! Pour l'ennemi sans nom sans visage de François Hollande (souvenez-vous), c'est cadeau !
Bref.
Or, on en parle, et parle, et bla, bla, et reblabla. Une demi-heure de ces débats, quinze jours à s'en remettre.
Et je considère par ailleurs ce genre de sujets comme le plus parfait enfumage de la part du >> centre-gauche << (les affairistes), toujours prompts à trouver du sociétal et/ou du national pour éviter que la canaille ne se penche de trop près à la question sociale. Pas intéressé... d'une... volonté de ne pas participer à un écran de fumée... de deux.
Pourtant, aujourd'hui, j'y vais. Il faut dire que je passe par plusieurs états, et que, comme souvent finalement, je suis plus énervé par ceux qui sont supposés partager mon point de vue, que par les adversaires idéologiques. Mais quel point de vue d'abord ? Celui qu'on a du haut de la Montagne Anarcorehak. En route...
Est-ce que je suis pour ou contre le mariage homosexuel ? Je m'en fous. Je me fous du mariage. Je trouve que la loi n'a pas à définir avec qui ni à combien on peut se marier. C'est-à-dire que la formule "mariage pour tous", je dis banco ! Pourquoi limiter le mariage à deux personnes ? Ministre Taubira dit : le mariage, c'est le couple. Point. Ah ! pardon ! Sic transit gloria mundi, amen. Jusque-là, c'était un homme et une femme. Qui avait décidé ça ? Aujourd'hui ça peut aussi être deux femmes, ou deux hommes. Qui décide ? Ministre Taubira et compagnie. Ministre Taubira veut pas des trouples (berk), mais personne ne sait pourquoi. Deux femmes s'aiment, elles ont donc le droit de se marier. Et si... ils s'aiment à trois ? Là, non. Argument zéro. C'est comme ça. Je signale que nous ne sommes pas des petits enfants, que nous écrivons nos lois, et qu'il n'y a pas de "c'est comme ça" qui tienne. Que ce soit Dieu ou Ministre Taubira, nous pouvons remettre en cause, questionner la légitimité des choses. A quoi bon combattre l'obscurantisme des religions, si c'est pour produire le même, estampillé modernité, certifié progressiste, etc. ? Cornélius défends-moi ! L'institution imaginaire de la société - l'autonomie... C'est Chomsky, aussi : l'anarchisme consiste à exiger de l'Autorité qu'elle se justifie, et si elle n'y parvient pas, à la surmonter. Et pour le coup, je serais curieux de savoir par quels raisonnements logiques on peut arriver à la position de Ministre Taubira.
J'ajoute qu'il ne s'agit pas au-dessus d'une défense ou d'une promotion de la polygamie, loin s'en faut. De même que l’État n'a pas à nous dire ce que nous devons penser, il n'a pas à mon sens à nous dire avec qui nous pouvons nous marier. Après, chacun pense ce qu'il veut, chacun vit comme il l'entend, ce qui ne pourra pas nous empêcher de critiquer ou combattre des pensées, des modes de vie. Je ne vois pas pourquoi on devrait avoir peur de pensées, de comportements, différents, marginaux, "déviants".
Ainsi, les partisans du "mariage pour tous", n'assument pas cette formule. Ils pensent "mariage homosexuel" et ils disent "mariage pour tous". Pardi ! ce serait discriminant, ce serait stigmatisant, de dire "mariage homosexuel". Mariage pour tous, c'est plus fun (berk), on est tous égaux, on a tous les mêmes droits, ce qui compte c'est l'amour, après la pluie le beau temps et pierre qui roule n'amasse pas mousse. Les opposants, qui ne voient pas plus loin, eux, que le bout de leur tradition, ont cependant raison de brandir la polygamie, etc. etc. C'est la conséquence logique de la formule "mariage pour tous". Les partisans, autruches qui s'ignorent, protestent : dialogue de sourds, très lassant quand on a des oreilles.
Il y en a un que j'aime écouter, c'est Eric Zemmour. Il explique, puisqu'il a lu et compris les critiques du capitalisme depuis Marx jusqu'à Michéa aujourd'hui, que le Capital a besoin de détruire les Institutions sociales, la liberté économique passe par les libertés individuelles, libertaires et libéraux sont les deux faces de la même pièce. C'est vrai. C'est le grand drame de la gauche, la vraie. Lutter contre l'Eglise c'est bien gentil, ça sert le Capital. Lutter contre de Gaulle c'est bien gentil, ça sert le Capital. Mai 68 c'est bien gentil, ça sert le Capital. La nation, la famille, à la trappe ! c'est le Capital qui se frotte les mains. Famille, Religion, Nation, Tradition, sont autant de freins au matérialisme consommateur le plus dégénéré. Que des saletés nauséabondes et moyenâgeuses qui font penser aux pauvres hères qu'il y autre chose dans la vie que le dernier i-pod 45.
Et que voyons-nous ? notre bon ami Monsieur Soros payer des prostituées ukrainiennes (françaises à l'occasion) pour venir asperger quelques familles qui s'opposent au "mariage pour tous". Que voyons-nous ? Monsieur Bergé trouver très bien que l'ouvrier loue ses bras et par conséquent très bien que les femmes puissent louer leur ventre. Liquidation générale ! Tout doit disparaitre ! Tout peut se vendre. Il sera fait exception de ce qui existe à l'état naturel. C'est la blague quasiment réalisée de Michéa : il sera bientôt légal de vendre du cannabis, mais illégal de cultiver des plants de tomates non autorisés par Monsanto, si bien que nous devrons cacher nos plants de tomate illégaux derrière des plants de cannabis.
Léon BLOY (L'Invendable) :
- Bon Dieu ou bon diable ! c'est toujours ça de vendu !
Exclamation d'un vendeur de la rue, jet de lumière sur le XXe siècle. Dieu et le diable sont hors de cause et de plus en plus. Leur affirmation ou leur négation fut un jeu pour l'âge puéril de l'Humanité. Devenue raisonnable enfin, la race humaine vendra... exclusivement. Elle vendra tout. - Malheur à celui qui donne ! Malheur à la Jérusalem de ceux qui donnent ! Malheur à moi !...
Est-ce bien malheur qu'il faut dire ?
Résumons-nous :
1/ je dépasse par l'extrême-gauche les "modernes" "progressistes" partisans du mariage homosexuel
2/ je mesure les conséquences de cet anarchisme, qui peut aider (qui aide depuis deux siècles) à faire progresser la marchandisation générale du monde
Alors, il est facile d'égratigner les gratinés qui se déguisent en oiseau, en lapin, en tarte aux cerises pourquoi pas ? pour défiler contre le mariage pour tous et assènent les lieux communs et les absurdités les plus fantastiques. Mais, de mon point de vue anarco-réac, ce ne sont que des lieux communs du XIXe siècle, des lieux communs de vaincus, de poisson pêché qui redouble de frétillements avant de mourir. Les dangereux ? Pas eux.
Non, les dangereux, ce sont ceux qui assènent les lieux communs du XXIe siècle. C'est Canal+ (à qui je dédie cette phrase d'Audiard) qui fait passer, avec un côté fun (berk), sympa (berk), la Propagande du Capital. Pierre Bergé et ses moutons.
3/ la gauche ne devrait donc jamais oublier que la priorité est de créer les conditions sociales d'émancipation individuelle (et avec une arrière-pensée à la Jaurès, à la Rousseau, à la Robespierre : "sous le régime capitaliste, l'individu est enfoncé dans la matière jusqu'au cœur, sous l'écrasement économique et sous l'obsession militaire. Je veux essayer de construire une cité d'espérance où l'Homme s'aperçoit que les étoiles existent." (Jaurès))... Se libérer de l'emprise de la religion, de la famille, de l’État, etc. : oui ! pour tomber dans les griffes de la Banque : non !
Faute de quoi, en plus de nouveaux pas vers la marchandisation du corps, validés par le silence au moins, on s'escrime sur ce sujet somme toute assez périphérique, pour mieux ne pas voir la guerre au Mali ("guerre contre le terrorisme", "war on terror" c'est mieux en anglais, encore, comique de répétition assez lassant), le saccage du droit du travail, et autres diableries qui remettent bien plus furieusement en cause les idées de liberté, d'égalité, de laïcité, de progrès, tant vantées par la pensée dominante à propos de ce "mariage pour tous".
Conclusion : le >> centre-gauche << libéral-libertaire (libéral pour rire, libertaire pour rire, mais c'est encore autre chose), c'est le meilleur moyen de tomber dans la gueule du loup. D'une opposition l'autre...