Encore un film trouvé dans le superbe coffret RKO. Ginger Rogers y campe ici une promeneuse désargentée qui, a la dérive dans Central Park, rencontre un homme richissime que sa famille ignore. Ce dernier décide de la payer afin qu'elle se fasse passer pour sa maîtresse et ainsi regagner l'attention de sa femme et de ses enfants. Mais les choses tournent autrement.
Il y a une véritable fragilité dans ce film où les faiblesses de l'humanité apparaissent finalement comme les plus grandes forces. La scène par exemple où ce vieil homme et cette jeune femme, conduits par leur chauffeur, font semblant d'être en bonne compagnie et de danser la Rumba, tandis qu'ils se contentent de faire en boucle le tour du Parc. Ils échangent, dans l'habitacle restreint du véhicule, une immense bienveillance réciproque, simple, et il pense à son avenir incertain à elle, elle qui ne semble pas se tracasser, du moins pas encore, et ils paraissent s'endormir ainsi, ou plutôt se reposer, s'éloigner de la brutalité féroce du monde. Magistral et tout simplement bouleversant. Il nous pousse ainsi Anywhere out of the world, dans ce lieu de cinéma, éternel et douillet.
L'introduction, toujours très juste bien que trop brève de Serge Bromberg éclaire le film brillamment.
Un superbe moment de chaleur humaine dans le froid glacial qui commence à sévir, il serait dommage de s'en priver, alors allez-y et partagez votre point de vue en commentaire!