Des bras levés en plus ne feront pas de mal

Publié le 16 janvier 2013 par Chezfab

Salut à toi qui me lis,

Je sais on te saoule avec le mariage pour tous depuis des mois, et je comprends que ça t’énerve ou t’indiffère. Surtout que tu es surement comme moi, tu te dis que tout cela n’est qu’un dû et que ça devrait être réglé depuis longtemps, que voilà, ce gouvernement se sert aussi de la pression sur une minorité pour cacher le reste. Ce n’est pas totalement faux et je ne peux que te donner raison.

D’autant plus que, comme tu le sais, je ne suis pas un fan du mariage, que je vois comme une chose archaïque et patriarcale à souhait. Mais du coup tu te demandes pourquoi je suis allé manifester la dernière fois, et pourquoi je vais y aller dans les jours qui viennent (le 19 janvier dans certaines villes, le 26 à Lyon et le 27 à Paris si vous cherchez où ça se passe. Consultez la carte ICI ).

Je vais te répondre : parce que cela dépasse largement le mariage pour tous ce qui se passe en ce moment.

Tu sais, on parle souvent d’un retour de la « bête immonde », pour parler de la haine de l’autre, du rejet et de la violence sous jacente à tout cela (ou réelle). Et bien, ces derniers temps, on peut dire que la bête immonde non seulement bouge encore, mais qu’elle est bien vivace !

Derrière les sourires de façade d’une Frigide Barjot, d’une Christine Boutin, ou d’autres qui les accompagnent, ou plus ouvertement par ce qui est exprimé par Civitas et les Identitaires, c’est bien la haine du différent qui ressort. De l’homosexuel(le). Du pédé, de la gouine, du ou de la trans. La haine est là.

Crois-tu réellement que le problème qui les fait sortir dans la rue est le mariage ? Ou même les enfants ? Non, ce qui les motive c’est la peur, qui entraine la haine. Le même type de peur que celle qui fait que de plus en plus de nos « concitoyens » votent pour les réactionnaires, racistes et nationalistes. Et ils parlent des enfants, mais pensent-ils un seul instant au mal qu’ils font aux jeunes homosexuel(le)s et trans de ce pays, avec leurs mots, leur infériorisation de l’autre ? Ca ne leur suffit pas que le taux de suicide soit déjà beaucoup plus élevé chez les jeune LGBTI, Queer, que dans n’importe quelle catégorie ?

Alors, je vais te dire une chose : face à cela, il n’y a pas trente six solutions. Dialoguer, oui, avec les gens autour de nous pour leur expliquer que cette mise aux normes égalitaires de la loi face à la réalité ne va rien changer dans la vie des hétérosexuels. Qu’en fait, on prend juste en compte le fait que 30 000 enfants vivent dans des familles homoparentales et que du coup, dans ces familles, ceux et celles qui les fondent, ont peut être envie de se marier pour faciliter leur vie et la filiation. Ca ok, tu peux le faire, mais ça ne suffira pas.

Le 13 janvier 2012, c’est un défilé certes sympathique sur la forme, mais très inquiétant sur le fond que nous avons pu voir. Un défilé de la réaction, de ceux qui veulent revenir en arrière au temps ou la morale chrétienne et la patriarcat était la norme, plus encore qu’aujourd’hui. Un défilé qui alliait les anti-avortement, les catholiques extrémistes anti-laïcité, le Front National, l’UMP, certains élus de gauche, les antiféministes, les masculinistes, et tout ce beau monde réuni autour de l’homophobie de base, celle qui voit l’autre comme un inférieur.

Et bien, crois moi ou non, mais face à cela, la seule réponse qui sera un temps soit peu efficace, c’est celle qui consiste à être dans la rue, à faire nombre, pour démontrer que la majorité est bien du côté du progrès. Comme à l’époque de l’antiracisme, du droit des femmes et autre.

Oui, il ne faut pas lâcher la rue et du terrain. Nous ne l’avons que trop fait ces dernières années, et si la bête immonde bouge encore, si elle grandit chaque jour, c’est que nous lui laissons trop de place !

Alors, comme le suggère ce titre, des bras levés en plus ne feront pas de mal dans ces manifestations. Et moi, je t’attends à Lyon le 26 janvier 2013 à 14h30 place Bellecour, mais tu peux aller ailleurs si Lyon ne t’arrange pas. Mais sois là.

Contre la haine, tout simplement.