Le Cardinal Vingt-Trois a ouvert la conférence pleinière des Evêques de France en condamnant la “récente campagne (qui) a été orchestrée, une nouvelle fois, pour faire passer dans l’opinion le sentiment qu’il y aurait urgence à délivrer légalement un permis de disposer de sa vie. En réalité, il s’agirait d’un nouveau permis de disposer de la vie de son prochain, disons-le simplement : d’un permis de tuer”,….. “Frauduleusement, la requête de reporter la décision de sa mort sur la société a été présentée comme un progrès humain”,….. “la société n’a pas vocation à organiser la mort : ni celle de l’enfant à naître, ni celle du grand malade en phase terminale, ni celle des vieillards en fin de vie”.
Il en a le droit et je lui reconnaîs même le droit, à lui d’organiser une campagne pour défendre ses opinions qui tiennent en peu grand chose: les hommes ne s’appartiennent pas. Ils appartiennent à Dieu et comme l’Eglise est la seule à converser avec lui et à nous faire savoir ce qu’il pense et ce qu’il veut, ils appartiennent de fait au Vatican.
Il est temps, je crois de dire que l’homme s’appartient et n’appartient qu’à lui dans la mesure où il ne nuit pas aux autres. Et que cela constitue une rupture radicale d’avec nos “racines judéo- chrétiennes” comme dirait notre Président.
J’emmerde tous ceux qui prétendent me priver de ma mort, du moins de celle que je choisirai si je le peux ou le veux, surtout si ces gens prétendent parler au bénéfice d’une toute-puissance à laquelle je ne crois pas. Et si j’admet que la société n’a pas à “organiser la mort”, qu’elle laisse au moins à chacun la dignité de ce choix ultime.
Certes, je comprend le souci des gens d’église. Ils régnaient jadis sur les âmes, les naissances, le passage à l’adolescence, les mariages et la mort, et il ne leur reste que cette dernière. Pour faire respecter cet ordre, ils excommunaient, ils emprisonnaient, ils envoyaient au bûcher. Cet ordre est heureusement dépassé et il est temps que les “libéraux” qui, curieusement sur ce point-là ne le sont plus et s’allient au goupillon, acceptent cette aspiration fondamentale.