Pour favoriser l’apparition d’innovations scientifiques ou technologiques, les politiques devraient faire confiances à de petites agences. C'est ce qu'auraient fait la Finlande et Israël.
Si comme on l’entend souvent les politiques souhaitent orienter la croissance vers "l’économie innovante", ils doivent en déléguer la responsabilité à de petites structures plutôt qu’à d’importantes agences centralisées. C’est en tout cas la thèse de deux chercheurs américains de l’université de Georgia et du Georgia Institute of Technology. S’ils ne remettent pas en cause l’idée que les agences pilotes puissent aider à générer de la croissance (c’est grâce à elles que les pays d’Asie du Sud Est ont rattrapé leur retard dans l’aciérie ou l’industrie automobile, par exemple), ils estiment en revanche qu’elles ne sont pas adaptées au développement d’un écosystème basé sur l’innovation technologique. "Si l’objectif est le développement de nouvelles technologies, alors la planification à long terme basée sur des marchés et des produits existants ne peut pas fonctionner", écrivent les chercheurs.
Des agences moins dotées et moins prestigieuses
Au contraire, les politiques ne doivent pas hésiter à expérimenter de nouvelles mesures pour toucher des activités et des industries encore non-existantes. Ce qui implique de nombreux échecs, et donc de pouvoir abandonner des projets en cours pour laisser de l’espace à de nouvelles expérimentations. Autant d’arguments qui plaident en faveur de petites structures à la périphérie du secteur public, avec relativement peu de ressources mais aussi "et c’est tout aussi important, peu de prestige". Pour le montrer, les chercheurs se sont intéressés au cas de la Finlande et d’Israël en se posant cette question : Comment deux petits pays que l’Histoire avait un peu rapidement classés comme à faible potentiel technologique, sont-ils parvenus à transformer leur économie au point de devenir des moteurs d’innovation ?
Se comporter comme des start-up de l’action publique
En y regardant de plus près, les chercheurs ont justement mis le doigt sur de telles structures périphériques. "Considérées comme des agences de second rang, elles seront moins facilement la cible de lobbying de la part de groupes privés ou politiques", expliquent les chercheurs. Privées de crédits, les voilà également forcées de se tourner vers le monde de l’entreprise et de créer des partenariats pour développer de nouveaux projets et faciliter leur implantation. Autant de facteurs qui obligent ces petites agences à se comporter comme des start-up de l’action publique, susceptibles de faire émerger des innovations scientifiques ou technologiques radicales. "Des innovations qui pourraient devenir centrales quand la crise économique remet en cause les politiques et les industries traditionnelles". Et si la relance de notre économie reposait sur les startup ? Nous y sommes.