Le travail est noir

Publié le 07 avril 2008 par Cebeji


   Je suis comme tout le monde, je travaille dans une boite, la différence c’est que je travaille dans l’ombre, je suis nègre ; je noircis les pages blanches des auteurs stériles. Je travaille de nuit, un nègre ne travaille pas au grand jour sinon il serait écrivain. D’ailleurs, les écrivains en panne d’imagination et soucieux de ne pas perdre la face se blanchissent avec des nègres…
Enfin bref !
En tout cas, il faut vous dire qu’il y a quelques jours, j’avais une place confortable comme cadre dans une boite du coin. Le problème, c’est que je ne pouvais pas encadrer mon patron…On pourra pas dire que j’ai pas essayé d’arrondir les angles. En fait, en tant que pilier de la boite, il est devenu très coincé lorsqu’il est arrivé au sommet ; alors, lui au sommet, moi au bas de l’échelle, on ne s’est plus entendu et par inadvertance j’ai perdu mon job.
   On m’a aussitôt traité de débauché, déjà que je n’avais pas le moral, après cela, je n’avais plus de morale.
   J’ai essayé les objets trouvés, des fois que ! Mais personne n’avait retrouvé mon job ; je me suis dit quelqu’un aura voulu le garder pour lui. C’est vrai, vous vous promenez, vous tombez sur un job, vous allez pas le rendre ?
   Enfin, depuis, je suis à la recherche d’un nouvel emploi. Avant, j’étais employé, maintenant je suis employeur, j’emploie mon temps !
   A l’ANPE, ils m’ont demandé :
Quelle est votre profession, celle que vous n’exercez pas en ce moment ?
C’est curieux, j’avais l’habitude qu’on me demande ce que je faisais dans la vie et là, pour l’inscription, le type me dit :
Qu’est-ce que vous ne faîtes pas ?
Du coup, je suis non-cadre, embauché à l’ANPE à contre-emploi et rémunéré, ça c’est de la carte de visite, non ? ? ! !
Et le pire, c’est que j’y retourne de temps en temps des fois qu’ils me proposent une formation pour un autre non-métier où il y aurait de l’avenir.
Je suis ennuyé tout de même car s’il y a du chômage c’est à cause du travail ; si le travail n’existait pas, le chômage n’existerait pas non plus. Du coup, me voilà partagé, si je reprends un job, j’encourage le travail et donc le chômage, c’est dégueulasse ! ! !
Aussi, je préfère rester sans emploi et j’ai ma conscience pour moi, moi, je ne crée pas la misère sociale.
   Alors, je ne fais rien et on me donne raison puisque tout le monde s’accorde à dire qu’il n’y a rien à faire.
   Eh bien si, finalement…, il faut faire son trou. Dans un premier temps, je me suis creusé les méninges ; j’ai abouti à la conclusion suivante :
Si tu fais pas ton trou, tu pourras pas faire carrière !
Remarquez à force de faire son trou, les autres finissent par vous perdre de vue…
De toute façon, comme on dit souvent :
Pour faire son trou, il faut percer !
C’est donc d’un petit trou qu’il s’agit ; le secret de la réussite tient seulement au fait de trouer, de percer, en un mot, de pointer…et après vous touchez des appointements, CQFD !
   De plus, par un petit trou, vous pouvez vous infiltrer dans un réseau de galerie et déboucher sur une place. Travailler en souterrain, voilà la solution !
Et dire que le travail est interdit aux mineurs.
   Vous voyez, c’est sous terre que se développent les méandres du marché du travail et à force de persévérance, en gravissant les échelons, on peut espérer refaire surface et même se faire une place au soleil.   Quoi que ! ! !
Une fois au soleil, on est sous le plus grand des astres.
C’est pas simple, soit on travaille en souterrain c’est à dire au noir, soit au grand jour, au soleil et à force on est cuit, on devient noir. Et de plus, je ne vous conseille pas de prendre le travail au noir, c’est du racisme.
Vous voyez, le travail conduit aux ténèbres ; si après cela vous n’êtes pas dégoûtés du boulot !
Alors, qu’est-ce qu’il faut faire ?
Il n’y a plus qu’une solution : travailler sur soi et laisser le temps travailler pour nous car le temps…. ?
C’est de l’argent !
© Cébéji