Pour ce qui sera peut-être sa dernière Coupe d'Afrique des nations, Didier Drogba espère enfin vaincre le signe indien et emmener la Côte d'Ivoire vers un titre que d'aucuns lui promettent à chaque édition mais qui la fuit depuis plus de vingt ans. Avec un buteur de la trempe de l'ancien marseillais, les Éléphants ont de quoi tout écraser sur leur passage. Mais les particularismes et les rapports humains sont parfois plus forts que le talent. Drogba en est bien conscient. C'est pourquoi il espère pouvoir fédérer toutes les forces de son pays pour enfin obtenir le trophée.
Il n'est pas exagéré de dire que lui seul peut parvenir à faire marcher ensemble un groupe souvent éparpillé. Il est indiscutablement le leader, avec Yaya Touré de l'équipe ivoirienne, mais surtout le finisseur, celui qui marque des buts et peut faire basculer une rencontre. Malgré son âge, il reste une "bête" dans le jeu, un champion qui fait la différence. S'il n'est pas trop perturbé par les interférences qui peuvent traverser sa tranquillité, à savoir les différents contacts qui se sont noués pour un retour en Europe, Didier Drogba aura sans doute à coeur de réussir son dernier challenge.
A près de 35 ans, depuis ses premiers pas dans le football à Abbeville, puis ses débuts professionnels au Mans, le point d'orgue de sa gloire avec l'OM puis avec Chelsea, et une Ligue des champions à son palmarès, jusqu'à son départ en Chine où, là, il a surtout voulu faire une affaire financière, Drogba n'a cessé de progresser pour devenir l'immense buteur qu'il est actuellement. Il a marqué les esprits partout où il est passé, mais il reste sur une sorte de symphonie inachevée: celle de la Coupe d'Afrique des Nations que la Côte d'Ivoire, pourtant souvent citée parmi les épouvantails des compétitions, n'a plus gagné depuis 1992, pour ce qui fut son unique titre.
Un goût de revanche
Il garde sans doute en mémoire la finale perdue face à la Zambie lors de la dernière CAN et ce trophée continental demeure un objectif majeur dans son for intérieur. Il sait que c'est cette année où jamais, pour lui mais aussi pour une nation qui s'appuie pour l'essentiel sur des valeurs sûres. "Cela fait plusieurs années que l'on court après et ce serait bien de pouvoir enfin la toucher" résume le capitaine de la Côte d'Ivoire. A Abidjan, on attend beaucoup de cette CAN disputée en Afrique du Sud, pays dont Drogba conserve de beaux souvenirs: "J'ai eu l 'occasion d'y aller pour la Coupe des Confédérations en 2009, puis d'y retourner l'année suivante pour la Coupe du monde 2010..." Jamais deux sans trois dit-on. Mais cette fois, pour la pléthore de stars (Drogba, Kolo Touré, Bamba, Eboué, Traoré, Gradel, Salomon Kalou, Koné) qui compose ce groupe, il faudra aller au bout.
Didier Drogba était des deux dernières déceptions en 2006 (défaite en finale contre l'Egypte) et en 2012, et il espère bien que cette fois-ci sera la bonne. Pour se rassurer, les Ivoiriens mettent en avant le classement FIFA, dans lequel ils demeurent la première équipe africaine (14e). Mais fort de son expérience, l'attaquant de Shanghaï sait que c'est dans l'adversité et dans une vraie compétition que l'on pourra jauger du potentiel des Éléphants. "Forcément on fait figure de favoris, dit-il. On ne peut pas être la première nation africaine au classement, sans être le favori d'une compétition en Afrique. Mais on a beau être favori, si on ne gagne pas à la fin...." ajoute-t-il conscient de la difficulté qui attend les siens. Alors, pour ne pas avoir avoir de regrets, Didier Drogba annonce que les Ivoiriens vont tout jouer à fond. Et évidemment, il entend bien apporter sa pierre à l'édifice.