Désolé, cela ne se fait pas, mais le chroniqueur va commencer par lui. Lui et son bilan 2012 puisque c’est à cette très personnelle rétrospective qu’il fut invité par Facebook pour commencer la nouvelle année.
Un bouton apparu sur son mur dans les dernières lueurs de 2012 l’incitait en effet à cliquer afin de retrouver ses « 20 plus grands moments de cette année. Evénements marquants, publications mises en évidence ou autres actualités populaires… ».
Exercice de mémoire obligé des débuts d’année. Le résultat est là : https://www.facebook.com/yearinreview/olivier.zilbertin, accessible peut-être exclusivement aux amis et connaissances.
Alors, que reste-t-il de 366 jours passés sur le réseau à se confier, s’exprimer, s’emporter parfois, s’enthousiasmer souvent, s’exposer, que reste-t-il d’important inscrit dans la mémoire métallique de la machine, selon l’arithmétique implacable du processeur, vu sous l’oeil minéral du réseau ? La mémoire numérique recoupe-t-elle la nôtre, phosphorescente et baignée de lumière ? Evidemment non.
De l’année du chroniqueur, le réseau a retenu essentiellement quelques clichés, une visite de l’étranger, des enfants qui rient, de vieilles photos – souvenirs dans les souvenirs en quelque sorte -, des messages d’anniversaire. De quoi remplir quand même de jolies pages sur monalbumphoto.fr.
Oubliées les polémiques et les prises de bec sur Facebook, qui pourtant ont bien occupé les nuits d’insomnie. A la corbeille, l’ironie sur un comédien qui fuyait et les rires – parfois un peu crispés quand même – sur une fin du monde qui approchait.
Résumé éclair, épuré, d’un an de vie numérique, qui finalement convient bien au chroniqueur. L’essentiel, le plus beau et le plus grave, la blessure d’un ami qui vous gomme d’une histoire pourtant commune, les souvenirs marquants de la vraie vie, en somme, sont ailleurs, repassés, amidonnés, pliés.
Allez ! Regarder une dernière fois 2012 dans le rétroviseur. Relire sur wizify.com ses meilleurs messages Twitter – les adresses responsables du site Bienbeau (http://www.bienbeau.fr) – ceux en tout cas qui ont eu le plus d’impact auprès de sa communauté. Laisser resurgir quelques instants furtifs, ou un peu moins, coupés en tranches de 140 caractères.
Remercier enfin son « suiveur » le plus fidèle (Daniel, encore merci). Puis avant de tourner pour de bon la page et les yeux vers l’horizon, se demander une dernière fois si l’on n’a rien omis, rien laissé d’important derrière soi qui pourrait resservir en 2013.
Peu importe, dirait Freud. Les souvenirs oubliés ne sont jamais perdus.
(Publié dans Le Monde daté du 2 janvier 2013)
Olivier Zilbertin